Les réseaux sociaux ont joué un rôle macabre dans l'assassinat de Samuel Paty. Onze jours après avoir donné un cours sur la liberté d'expression, au cours duquel il a montré des caricatures de Mahomet, ce professeur d'histoire-géo a été assassiné, après avoir été la cible d'une campagne d'indignation d'islamistes sur internet. Ce rôle des réseaux sociaux n'a pas échappé au gouvernement. "Je suis d’accord avec cette idée qu’il y a des commanditaires par la haine des réseaux sociaux. Il va falloir remettre le travail sur la haine en ligne", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin lundi sur Europe 1. "Nous ne pouvons pas continuer à laisser faire ce genre de fatwas contre par exemple ce professeur, demain contre un policer, après-demain contre un journaliste".
"Ils ont manifestement lancé une fatwa contre ce professeur. Manifestement", a martelé Gérald Darmanin, visant notamment un père de famille, dont la fille n'a pourtant pas assisté au cours de Samuel Paty, et Abdelhakim Sefrioui, un activiste islamiste qui a fait monter l'indignation en ligne. "Le parquet antiterroriste verra s’il les qualifie comme complice d’acte terroriste. Ils sont en garde à vue. Et le procureur antiterroriste travaille et met énormément de moyens, avec le concours des services de police, pour les confondre et les condamner."
"L’islam politique se joint à l’islam radical pour finalement mener au terrorisme"
Gérald Darmanin a regretté que la police et la justice ne disposent pas en l'état d'outils pour combattre la haine en ligne, et a rappelé que la proposition de loi de Laetitia Avia, portant précisément sur ce sujet, avait été censurée car elle portait trop atteinte à la liberté d'expression. "Le gouvernement a essayé avec le Parlement d’avoir des armes pour lutter contre la haine en ligne", a-t-il rappelé. "La proposition de loi de Mme Avia, qui aurait permis de faire retirer et de poursuivre ce père de famille, a été censurée par le Conseil constitutionnel."
Autre thème développé par le ministre : l'islam politique, qu'il faut combattre lui aussi avec vigueur, selon lui. "Ce qui est très marquant dans cette histoire, c’est qu’on voit bien comment l’islam politique se joint à l’islam radical pour finalement mener au terrorisme", a relevé Gérald Darmanin. "Souvent, on nous dit que ce n’est pas parce que les gens sont rigoristes, qu’ils prônent l’islam politique, qu’ils sont des terroristes. Ce que nous, on appelle le séparatisme. L’islam politique mène parfois au terrorisme, et il faut combattre l’islam politique avec la même force que le terrorisme", a-t-il conclu.