Emmanuel Macron et son épouse sont rentrés dimanche à Paris après un déplacement de deux jours au Sénégal. Le président de la République était la veille à Saint-Louis, une ville côtière non loin de Dakar. Il a notamment annoncé une aide de 15 millions d'euros pour lutter contre l'érosion côtière qui menace la ville. Le président français voulait mettre fin à la Françafrique. Les images de sa visite au Sénégal rappellent tout de même celles du passé.
"Un changement de méthode profond". Il faut distinguer le discours et les gestes. Emmanuel Macron a confié sa nouvelle vision de la relation entre la France et l'Afrique au JDD : "C'est un changement de méthode profond. Nous avons défini des priorités : éducation, santé, environnement, français et culture. Il s'agit désormais de travailler sur des projets concrets qui correspondent dans ce cadre à la stratégie des gouvernements ou des sociétés civiles. Il s'agit aussi d'assurer un suivi dans la durée". Plus de transparence, moins de business, des aides ciblées : la feuille de route est claire.
Et le président de la République de définir un nouveau cadre. "La France ne doit plus être une sorte de pays rêvé, dans lequel tout le monde peut s'imaginer un avenir rêvé, mais elle doit agir sur le terrain. La jeunesse africaine a à se construire un avenir choisi", avance Emmanuel Macron. "C'est tout l'objet de ce déplacement au Sénégal. Aider le gouvernement sur l'éducation. Porter des projets qui changent la vie concrète des Sénégalaises et des Sénégalais : le TER, la construction des collèges, la lutte contre l'érosion côtière à Saint-Louis."
Ton paternaliste. Voilà pour les mots. Mais dans les faits, Emmanuel Macron n'a pas pu s'empêcher d'adopter un ton paternaliste lors de sa visite. Exemple avec son discours samedi : "Mes amis, ce que je suis venu faire ici, c'est à vos côtés, pour vous, construire un peu du Saint-Louis de demain". Les images aussi trahissent cette promesse d'une Françafrique aux oubliettes. Quand Emmanuel Macron salue la foule debout à travers le toit ouvrant de sa voiture, ils sont des centaines à agiter des drapeaux tricolores. On croirait voir Jacques Chirac, venu ici même en 2005.
"La route est encore longue". Même sensation quand le chef de l'État prend dans ses bras un petit garçon paniqué par la foule. "Tu t’appelles comment ? Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? ", lui demande Emmanuel Macron. "Je veux être président comme toi", lui répond le garçon. La séquence est belle mais elle fait très "ancien monde", alors même qu'Emmanuel Macron veut faire du Sénégal le modèle d'une nouvelle relation entre la France et l'Afrique. Comme le résume un diplomate, "la route est encore longue".