C'est un lieu croulant sous le poids de l'histoire qui accueille chaque année des milliers de visiteurs. À deux pas d'une zone commerciale à mi-chemin entre Marseille et Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône le camp des Milles et l'un des derniers vestiges de l'époque de la Shoah en France. Le bâtiment, où 10.000 juifs ont été internés sous le régime de Vichy de 1939 à 1942 et 2000 d'entre eux déportés à Auschwitz, le seul resté intact dans le pays, est devenu Site-mémorial en 2012. Pour son 10e anniversaire de l'ouverture au public, Emmanuel Macron s'y rend pour réaffirmer le devoir de mémoire.
Le chef de l'État est attendu avec son ministre de l'Éducation Pap NDiaye et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Emmanuel Macron entend bien poursuivre la mission de réconciliation des mémoires qu'il s'était déjà fixée lors de son précédent quinquennat, indique l'entourage du chef de l'État. Tous les travaux que le président a ouvert depuis sa première élection ont vocation à construire un imaginaire républicain fédérateur, souligne encore un conseiller.
La réponse de Macron à ses opposants
Dans son discours prévu à 15 heures au Camp des Milles, le président reviendra sur l'histoire particulière de cette ancienne tuilerie-briqueterie transformée en camp d'internement et de déportation pendant la Seconde Guerre mondiale. L'objectif est de réaffirmer que ce qu'il s'y est passé témoigne d'une France qui a été ce qu'elle ne doit plus jamais être, martèle un conseiller. C'est aussi l'occasion d'envoyer des messages à certains adversaires politiques, sans jamais le citer. L'Elysée laisse notamment entendre qu'Emmanuel Macron devrait s'en prendre à Eric Zemmour, président de Reconquête!, en rappelant que le régime de Vichy n'avait pas pour vocation de sauver des juifs, fussent-ils français.
C'est Jean-Marc Ayrault, Premier ministre de l'époque sous François Hollande, qui avait inauguré le Camp des Milles. Un lieu de transmission au but pédagogique qui accueille de nombreuses classes tout au long de l'année : des jeunes, "mais aussi leurs parents", indiquait la direction du mémorial. "Le public vient découvrir des outils qui traitent des questions de mémoires, de l'histoire de la période, mais aussi des mécanismes sociétaux et individuels", confiait à La Provence le directeur du site de l'époque, Cyprien Fonvielle. "Comment une société, à un moment donné de son histoire, participer à la mise en place d'un génocide, ou au contraire, y résister ?"