Ils étaient environ 400, jeudi soir, à se retrouver à la Halle aux Sucres de Lille pour un débat organisé par le collectif "Notre Primaire". Des socialistes, des écologistes ou de simples sympathisants. Tous déçus de la gauche. Et aucun d'eux ne s'attendait au revirement de Martine Aubry sur une éventuelle participation de François Hollande à une primaire.
"Pousser à ce que chacun" participe. Retenue par un hommage à l'ancien résistant Stéphane Hessel, la maire de Lille n'a fait son apparition que tard dans la soirée. Rapide mais efficace, avec un message : le statut de François Hollande ne l'exonère pas de participer à la primaire. "Le premier secrétaire du Parti socialiste [Jean-Christophe Cambadélis] a dit qu'il était pour la primaire et qu'il fallait l'organiser ensemble, eh bien allons-y dans ces conditions", a déclaré la maire de Lille. "Et comme le président de la République a l'air de dire que s'il était candidat, il n'y serait pas opposé, il faut pousser à ce que chacun, y compris ceux qui ne veulent pas venir, acceptent de venir dans ce grand mouvement démocratique."
"Je vois que ça bouge". Un soutien de poids aux partisans de la primaire, que ces derniers n'attendaient plus. En effet, Martine Aubry semble avoir évolué sur la question. Mercredi soir encore, l'ancienne secrétaire nationale du Parti socialiste avait assuré que François Hollande n'avait "pas besoin" de passer par une primaire s'il était candidat à sa réélection. "J'ai eu d'abord une petite réaction institutionnelle", s'est justifiée Martine Aubry. "Mais aujourd'hui, je vois que ça bouge." Pas question cependant pour l'ancienne première secrétaire du PS de franchir le pas et d'être candidate à l'élection interne.
"Oser aller au combat". Cette nouvelle prise de position de Martine Aubry, deux jours après la publication d'une tribune qui fustigeait la politique gouvernementale, est du pain bénit pour les militants. Car sur les terres de la maire de Lille, beaucoup attendent du président de la République qu’il rende des comptes. "Il doit confronter ses idées avec d'autres", estime une sympathisante, quand un autre souhaite que François Hollande "ose aller au combat lors de primaires pour confronter son bilan". "De toute façon, s'il ne le fait pas en amont, cela se fera au premier tour en 2017, avec un gros risque de vivre un deuxième avril 2002", avertit-il.
La fracture de la gauche se creuse. L'idée d'une primaire n'est, en revanche, absolument pas partagée par Manuel Valls. Le 15 février dernier, le Premier ministre avait rappelé son opposition à une élection interne. "Le problème n'est pas d'organiser une primaire qui irait de Mélenchon à Macron", avait-il déclaré lors d'une réunion publique. A 14 mois de la présidentielle, la fracture à l'intérieur de la gauche continue donc de se creuser.