Il n'y aurait "aucune raison" pour le gouvernement français de s'opposer à une éventuelle extradition d'anciens "terroristes" italiens réclamés par Rome à la justice française, a estimé lundi la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau. Dans une interview au journal Le Monde, la ministre revient ainsi sur l'ancienne position française édictée par le président François Mitterrand (1981-1995) qui avait décidé de ne pas autoriser l'extradition des anciens militants politiques ayant renoncé à la lutte armée.
"Aux magistrats de décider". "Ce sont des magistrats qui travaillent entre eux, en regardant au cas par cas, en veillant au respect d'une éventuelle prescription des faits (...), mais il n'y a aucune raison de s'opposer à une éventuelle extradition", a déclaré la ministre française au quotidien Le Monde. "Je n'ai pas de doctrine sur les questions de justice. Si la justice d'un pays étranger qui respecte l'Etat de droit demande l'extradition de quelqu'un qui s'est rendu coupable de crimes de sang, c'est aux magistrats de décider", a-t-elle expliqué.
L'Italie a annoncé mi-janvier avoir recensé 30 personnes condamnées pour terrorisme en fuite à l'étranger et dont elle souhaite qu'elles soient livrées à la justice pour purger leur peine de prison sur son territoire, à l'instar de l'ex-militant d'extrême gauche Cesare Battisti, incarcéré le 14 janvier après 37 ans de cavale. "Je pense que notre pays a longtemps vécu en sous-estimant le traumatisme qu'a pu être le terrorisme en Italie ou en Espagne et que l'on a traité avec une indifférence, que je ne partage pas, la violence aveugle qui s'est exercée chez certains de nos voisins", a-t-elle ajouté, alors que Paris et Rome entretiennent actuellement des relations très tendues.
L'ambassadeur de France de retour à Rome.Paris a renvoyé vendredi à Rome son ambassadeur, qu'elle avait rappelé après une série d'attaques de deux dirigeants populistes italiens contre le président Emmanuel Macron et leur soutien à la révolte des "Gilets jaunes" français. L'Italie, dirigée par une coalition populiste, a notamment reproché à Paris ses positions jugées peu solidaires dans la gestion des flux migratoires, et les commentaires du président Macron ou de son gouvernement dénonçant "la lèpre" nationaliste.