«Aujourd'hui, l'excuse de minorité est la règle, demain elle doit devenir l'exception», affirme Bruno Retailleau
"Aujourd'hui, l'excuse de minorité est la règle, demain elle doit devenir l'exception", a affirmé Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, invité de La Grande interview Europe 1-CNews mardi, après une rixe entre quartiers qui a fait un mort lundi en Essonne.
Un adolescent de 17 ans a été poignardé devant un lycée à Yerres, dans l'Essonne, dans ce qui semble être un règlement de comptes entre bandes rivales. Face à ce drame, la population locale s'inquiète des représailles et interpelle les pouvoirs publics.
Invité à réagir lors de La Grande interview Europe 1-CNews mardi, Bruno Retailleau a dénoncé un "ensauvagement" grandissant et appelé à une réforme en profondeur de la justice des mineurs. Pour lui, les mineurs auteurs de crimes doivent être jugés comme des adultes.
"L'excuse de minorité doit devenir l'exception"
Le ministre de l'Intérieur estime que la législation actuelle est inadaptée et contribue à un sentiment d'impunité chez les jeunes délinquants. "Une grande partie de la délinquance, y compris la plus violente, est le fait de mineurs. Ces mineurs ont malheureusement un sentiment d'impunité. Pourquoi ? Parce que notre politique pénale n'est plus du tout adaptée", a-t-il déclaré, soulignant que nombre d'entre eux, y compris ceux impliqués dans des homicides, accumulent de multiples antécédents judiciaires – parfois jusqu'à 30 – sans avoir jamais connu la prison.
"Il faut réformer profondément la justice des mineurs avec des courtes peines de prison de quelques semaines dans des établissements adaptés, comme aux Pays-Bas", a-t-il plaidé.
"Aujourd’hui, l’excuse de minorité est la règle. Demain, elle doit devenir l’exception", a insisté Bruno Retailleau. Il défend également la comparution immédiate pour accélérer les procédures et assurer une réponse pénale plus ferme et rapide.
Une approche "trop laxiste" héritée de Mai 68
Selon Bruno Retailleau, la politique actuelle est le fruit d’une idéologie héritée des années 68, qui privilégierait la rééducation et la pédagogie au détriment de la sanction. Une vision qu’il juge inefficace et dangereuse. "Ces gens ont oublié une chose essentielle : la sanction fait partie de l’éducation et de la prévention", a-t-il affirmé.
Il pointe également un autre facteur majeur dans cette montée de la violence juvénile : la désagrégation du cadre familial. "Ces jeunes, de plus en plus jeunes, qui tuent et donc qui sont tués aussi, il y a un problème de famille", souligne-t-il, appelant à une réflexion plus large sur l’éducation et l’accompagnement parental.