C'est l'une des subtilités des règles de financement des campagnes électorales : il est impossible de se faire rembourser les dons des partis politiques. Les Républicains viennent d'en faire l'expérience, comme l'a repéré Marianne. Eux qui ont donné 10 millions d'euros à leur candidat, François Fillon, pour qu'il puisse disputer la présidentielle, ne reverront jamais la couleur de leur argent. La publication, mardi, des comptes de campagne de l'ancien Premier ministre, fait état d'un remboursement de l'État d'un peu plus de 2 millions d'euros seulement, alors que François Fillon aurait pu prétendre à 8 millions.
"Versement définitif des partis politiques". Dans sa décision, publiée au Journal officiel, la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) décortique comme il se doit les dépenses de François Fillon. Celui-ci a payé près de 14 millions d'euros pour sa campagne présidentielle, ce qui reste sous le plafond maximal autorisé (près de 17 millions). Cet argent provient d'un apport personnel (un peu plus de 2 millions d'euros), de dons de personnes physiques (6.600 euros) et de "versements définitifs des partis politiques", qui s'élèvent à 10 millions tout rond.
Remboursement impossible. Or, ces "versements définitifs des partis politiques" ne sont pas comptabilisés pour calculer le remboursement de l'État. Pour que la CNCCFP prenne en compte les 10 millions, il aurait fallu que LR les prête mais ne les donne pas. François Fillon ayant obtenu plus de 5% des suffrages exprimés au premier tour, il aurait pu prétendre à un remboursement d'un peu plus de 8 millions d'euros. Finalement, seul le montant de l'apport personnel est retenu par la CNCCFP, soit 2.117.625 euros. Après quelques ajustements, "le montant dû par l'État est arrêté à la somme de 2.067.625 euros", conclut la commission.
Dettes. Ces 10 millions de dons correspondent en réalité à ce que LR avait réussi à engranger avec la primaire, qui avait attiré 4,38 millions d'électeurs au premier tour et 4,27 millions au second. À raison de deux euros par tour et par électeur, le parti avait ramassé un petit pactole. Le voilà évanoui. Mais chez LR, on assure à Europe 1 que "tout est normal", que le choix de donner plutôt que de prêter a été fait volontairement. Étrange, alors que la famille politique est déjà endettée à hauteur d'environ 55 millions d'euros. Peut-être faut-il y voir un trop-plein de confiance en son candidat, que tout le monde voyait déjà à l'Élysée au moment de ce "versement définitif". Un peu comme ces couples qui se passent de contrat de mariage en misant sur le fait qu'ils ne se sépareront jamais, LR a donné sans anticiper l'échec. Et se retrouve bien dépourvu maintenant que la défaite est venue.