Marion Maréchal-Le Pen se lance dans la formation. L'ancienne députée FN du Vaucluse a dévoilé mardi le site Internet de l'Institut de sciences sociales, économiques et politiques (l'ISSEP), qui ouvrira ses portes aux étudiants en septembre à Lyon dans le quartier de la Confluence, et dont elle prend la direction générale. Démarche purement entrepreneuriale ou opportunité politique, à quoi va vraiment servir cette école ?
Réussir une fusion des droites (là où son grand-père et sa tante ont échoué)
L'idée de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, qui ne veut plus qu'on l'appelle par ce patronyme, est de rassembler deux grandes familles de la droite : les identitaires d'un côté, et de l'autre, les conservateurs à tendance catholique traditionaliste, réveillés par la Manif pour tous. En clair, Marion Maréchal veut mettre fin à l'isolement du Front National. Sur ce point, son grand-père n'a jamais vraiment œuvré. De son côté, Marine Le Pen a bien "dédiabolisé" le parti, et tenté de nouer des alliances, notamment avec Nicolas Dupont-Aignan dans l'entre-deux tours, ou aujourd'hui avec Thierry Mariani, mais la fusion des appareils politiques reste jusqu'ici impossible.
Marion Maréchal souhaite se battre sur le terrain des idées avant de livrer la moindre bataille politique. "Elle est en train de préparer un projet d'alternance idéologique. Marion Maréchal est persuadée que nous sommes sur les décombres de l'idéologie post soixante-huitarde, ce en quoi elle n'a pas totalement tort", souligne le politologue Jean-Yves Camus au micro d'Europe 1. "Elle a pris aussi acte de l'impréparation du FN dans la campagne présidentielle 2017. Visiblement, les cartouches intellectuelles manquaient, notamment pour aborder le débat de l'entre-deux tours, mais aussi la contradiction générale qu'il était nécessaire de porter pour le Front national, tant à la droite libérale qu'à la gauche sociale-démocrate", poursuit le spécialiste de l'extrême-droite.
Entreprendre pour mieux revenir sur la scène politique ?
Marion Maréchal se situe aussi dans une démarche entrepreneuriale. L'ancienne députée a réalisé une étude de marché, est allée chercher des fonds aux États-Unis, a recruté des professeurs à l'international… Certes, les diplômes que son école délivrera aux étudiants ne seront pas reconnus, malgré les 11.000 euros déboursés pour deux ans d'études (5.500 euros par année). Mais elle mise sur le succès d'une école privée dont elle s"inspire, l'Institut de formation politique, fondé en 2004 et dont elle a suivi une session sur un week-end. L'école a reçu 500 candidatures cette année.
Pour l'heure, il n'y a aucune garantie que cette démarche puisse un jour se traduire sur le plan électoral. D'ailleurs, Marion Maréchal entretient savamment le mystère quant à un éventuel retour en politique. Pour beaucoup, chez Les Républicains comme au Front national, pour les déçus de Laurent Wauquiez et de Marine Le Pen, elle incarne un recours. "Je ne sais pas du tout quelles sont ses intentions, ni même si elle-même les connaît. Dans l'esprit de beaucoup de gens, elle est un peu dans la situation du général de Gaulle en 1956, c'est-à-dire en réserve de la République, de la France, et de la civilisation européenne", analyse Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen d'extrême-droite, présent lors de la dernière réunion de son école.
Si cette école réussit, elle permet à Marion Maréchal de miser sur l'union des droites, et de détecter les leaders de demain. Gilbert Collard, resté proche d'elle, résume ainsi : "soit c'est vraiment une école privée, soit c'est un vivier !"