Emmanuel Macron, qui réunit mardi des acteurs de la politique de la Ville à l'Elysée, va dévoiler des initiatives pour améliorer la vie dans les quartiers défavorisés, sans toutefois reprendre toutes les propositions de l'ambitieux rapport Borloo sur les banlieues. Avec son discours le chef de l'Etat veut "donner une vision, du sens", mais pas présenter "un catalogue de mesures" pour ces quartiers qui concentrent les difficultés économiques et sociales, assure-t-on à l'Elysée, en soulignant que "l'enjeu n'est pas tant budgétaire que de mobilisation et d'efficacité".
Parmi les annonces attendues, l'une, "emblématique de la philosophie", vise à aider les jeunes des quartiers à trouver des stages de 3ème, qui sont difficiles à décrocher sans réseaux professionnels : Etat et entreprises s'engageront à proposer 30.000 offres au total.
Vers un enterrement du "rapport Borloo" ? Mais il n'y aura pas "un avant et un après rapport Borloo" ni "un avant et un après 22 mai", avertit-on à l'Elysée. En clair : ne pas s'attendre à un énième "plan banlieue" à coups de milliards comme la France en a produit depuis la naissance de la politique de la ville il y a quarante ans, mais une proposition dans la continuité de la politique gouvernementale. Une mise au point qui fait craindre à certains un enterrement du "rapport Borloo", remis en avril dans une ambiance euphorique parmi les élus de banlieue, très mobilisés autour de sa rédaction.
"Alimenter la résignation". "Ne pas prendre en compte ce projet après l'avoir commandé serait un camouflet à l'égard de tous les acteurs impliqués, à commencer par les maires", a estimé l'ex-patron de l'UMP et maire LR de Meaux Jean-François Copé. Ce serait "alimenter la résignation, la crise démocratique, les dérives communautaires à l'oeuvre", a pour sa part averti Laurent Russier, maire communiste de Saint-Denis. Intitulé "Vivre ensemble - vivre en grand la République", ce rapport appelle à une "réconciliation nationale" avec notamment une relance de la rénovation urbaine, à l'arrêt dans de nombreux quartiers -- même si le financement promis par l'exécutif a été doublé à 10 milliard d'euros.
"Faire le choix de l'universalité". Soulignant que "le gouvernement n'a pas attendu le rapport Borloo pour agir", la présidence rappelle notamment le dédoublement des classes de CP, le lancement des emplois francs et la police de sécurité du quotidien. Autant de mesures de droit commun, à l'opposé des programmes ciblés qui feraient des quartiers des territoires à part. Il faut "faire le choix de l'universalité", a souligné le député LREM Aurélien Taché dans une tribune au Monde cette semaine. Lutte contre la discrimination à l'embauche, mobilisation pour l'apprentissage... Quelles que soient les pistes retenues, Emmanuel Macron est attendu au tournant par les cinq millions d'habitants des quelque 1.300 quartiers prioritaires en métropole, pour lesquels il avait appelé à la "mobilisation nationale" en novembre.