Dix jeunes enfants de djihadistes qui se trouvaient dans des camps du nord-est de la Syrie ont été rapatriés en France dans la nuit de dimanche à lundi. Le ministère des Affaires étrangères évoque des "orphelins ou des cas humanitaires", sans précisions sur les conditions de leur rapatriement ou le lieu d'arrivée. "Ce sont des enfants, ils n’ont pas fait le choix d’aller sur ces terrains de combats, ils n’ont pas fait le choix d’accompagner un temps les opérations des djihadistes. Il me semble qu’il y a là un but humanitaire qui peut pouvoir être respecté", a répondu la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, lundi soir sur Europe 1.
"Il faut bien préciser, lorsque nous rapatrions ces enfants nous le faisons au cas par cas. Par ailleurs nous considérons que ces mineurs, orphelins et isolés, lorsque les conditions le permettent, peuvent être rapatriés", a poursuivi la ministre de la Justice.
Des enfants vulnérables
Selon Marie Dosé, invitée d'Europe 1 ce lundi, ils sont encore près de 250 à vivre dans des conditions "indignes". Depuis l'effondrement du groupe Etat islamique en mars 2019, la France a ramené 28 enfants de Syrie. Des rapatriements effectués uniquement dans les cas où les enfants sont orphelins, ou sous conditions d'un accord des parents.
"Dans toutes ces hypothèses, il faut que nous soyons en mesure d’aller les chercher sur les lieux où ils se situent", poursuit Nicole Belloubet. "Il s’agit d’enfants vulnérables sur lesquels nous devons être attentifs." Sur ce rapatriement, trois sont orphelins, les autres sont issus de deux fratries différentes, a précisé la ministre de la Justice. Les mineurs sont âgés de 3 à 9 ans.
Des mineurs pris en charge dès leur arrivée
Dénonçant des conditions de vie "indignes", les défenseurs des djihadistes détenus en Syrie appellent à un rapatriement généralisé des enfants. "Lorsqu’ils ont des parents encore en vie, avec lesquels ils se trouvent, il faut que nous ayons l’accord des parents. Nous ne pouvons pas les arracher aux parents", explique Nicole Belloubet. "Je rappelle que la Syrie est un terrain de combat qui n'est pas simple. Quand nous pouvons aller chercher les enfants, nous le faisons."
"Dès qu'ils arrivent sur le territoire national, les enfants sont pris en charge d'un point de vue sanitaire. Et immédiatement, un magistrat, en l’occurrence un procureur de la République, fait ce qu'on appelle une ordonnance provisoire de placement, c'est-à-dire trouver un lieu d'accueil. Puis ensuite, au bout de huit jours, ils sont placés définitivement soit dans un lieu d'accueil, soit dans un foyer. Dans ces cas-là ils sont pris en charge par un éducateur de la Protection de la jeunesse et également par les services départementaux de la Protection de l'enfance", détaille-t-elle, en ajoutant que ces mineurs seront suivis au long-court.
"Il n'y a, à l'égard de ces enfants, pas d'inquiétudes à avoir puisqu'ils sont extrêmement encadrés."