Lors d'une séance de questions au gouvernement mardi, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé le lancement d'une procédure de réquisition des personnels d'Esso-ExxonMobil alors que les mouvements de grève dans les raffineries se poursuivent. Pour Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes et candidat à la présidence du parti Les Républicains, "il fallait tout de suite des réquisitions" et ne pas attendre que la situation s'aggrave. Une situation qui "marque la faiblesse de ceux qui nous dirigent", a-t-il lancé.
Une annonce contre-productive ? À la suite de cette annonce, beaucoup de grévistes qui avaient décidé de reprendre le travail se sont remis en grève. Ce mercredi matin, la grève à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme (Seine-Maritime) a été reconduite à l'unanimité, malgré la menace brandie par la Première ministre. La grève a aussi été reconduite chez TotalEnergies ce mercredi matin pour l'ensemble des sites dans le mouvement, a annoncé la CGT.
"Une crise comme ça, elle s'anticipe !"
Invité d'Europe Matin mercredi, le député LR des Alpes-Maritimes a pointé du doigt le "manque d'anticipation" du gouvernement. "C'est le défaut de ceux qui nous gouvernent, le manque d'anticipation, on ne réagit qu'après les événements. Comme souvent, le gouvernement a eu un énorme retard à l'allumage. Une crise comme ça, elle s'anticipe ! Maintenant, ça a pris une ampleur énorme. Ça marque aussi cette faiblesse de ceux qui nous dirigent", s'est-il exclamé sur Europe 1.
Le gouvernement aurait-il pu réagir le 27 septembre, premier jour du mouvement ? Oui, répond le candidat à la présidence des Républicains. "Quand on est aux manettes, quand on gouverne, on sait bien que si on bloque des raffineries, quelques jours plus tard il va y avoir des conséquences très graves pour le pays donc il faut agir, au contraire, au tout début", avance-t-il.
"Il faut de la fermeté, il faut de l'autorité. On ne peut pas laisser le pays bloqué, il en va de la liberté de chaque citoyen. Des gens attendent quatre heures pour faire le plein, d'autres ne peuvent pas aller travailler, c'est insupportable. Donc, il fallait tout de suite des réquisitions", assure-t-il.
Un dispositif déjà utilisé en 2010
Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement engage une procédure de réquisition. En 2010, en pleine réforme des retraites, Nicolas Sarkozy décide d'enclencher ce dispositif pour remettre les grévistes au travail dans les raffineries. Si certaines réquisitions avaient été contestées en justice, d'autres avaient été validées.
Il avait fallu à l'époque que le Conseil d'État invoque la proximité du dépôt pétrolier de Gargenville dans les Yvelines avec l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle qui n'avait plus que trois jours de stock de carburant.
Autrement dit, si le gouvernement ne parvient pas à invoquer une bonne raison, il s'expose aux procès habituels et pourrait être accusé d'atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève. Une situation qui n'est "pas simple" reconnaît Éric Ciotti pour qui il faudrait des dirigeants courageux et visionnaires à la tête de l'État. "Tout ce qui fait défaut à notre pays aujourd'hui", conclut-il.