Il aurait fallu faire de véritables réquisitions, estime Louis de Raguenel, chef du service politique d'Europe 1. La Première ministre Élisabeth Borne a brandi mardi ce qu’une majorité de Français espérait : la réquisition des opérateurs des dépôts pétroliers pour que les Français puissent à nouveau vivre et travailler normalement, en ayant la possibilité de faire le plein. L’objectif du gouvernement est de montrer son autorité après avoir eu du retard à l’allumage.
De nombreux jours pendant lesquels l’exécutif considérait que le sujet était de la responsabilité de TotalEnergies, et pas la sienne. Sauf qu’entre temps, plusieurs millions de Français ont été impactés.
Des réquisitions qui ne concernent que quatre personnes
Quand on regarde le détail de ce qu’a annoncé Élisabeth Borne, les réquisitions ne concernent pour le moment qu’un seul site pétrolier en Normandie, sur six sites bloqués au total. Et les réquisitions visent quatre personnes selon le ministère de la Transition écologique. Donc, mercredi soir, pour toute la France, seules quatre réquisitions ont été prononcées. Quasiment rien.
Ces quatre personnes devront permettre d’assurer le "service minimum" dans le dépôt en question, c’est-à-dire permettre aux services de secours et d’urgence d’être approvisionnés. Mais en aucun cas, il ne s’agit d’un déblocage de la situation. À ce stade, cette mesure ne produit aucun effet pour les Français.
Les réquisitions se sont toujours mal terminées
Le problème est que le gouvernement a brandi cette arme de la réquisition sans aller jusqu’au bout. De l’autre côté, les syndicats n’attendaient que ça pour appeler à la mobilisation contre une mesure qu’ils considèrent comme une entrave au droit de faire la grève. À la fin, personne n’est content : le gouvernement dont les réquisitions ne produiront pas de résultats, et les syndicats, plus remontés que jamais contre le gouvernement. Finalement, ce sont les Français qui trinquent.
C'est également une fausse bonne idée parce que, comme le rappelait Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy invité mardi soir dans Punchline avec Laurence Ferrari, les réquisitions se sont toujours mal terminées. Pour lui, la mesure est trop brutale et empêche tout dialogue social. Et de conclure : normalement, le conseiller social du chef de l’État aurait dû traiter directement avec le patron de TotalEnergies dès l’amorce de la crise, avant qu’il ne soit trop tard, pour essayer de débloquer la situation en évitant la grève, les blocages et l’exaspération des Français.