Elle court, elle court, Marine Le Pen, après une stature internationale. Après s'être rendue, lors d'un déplacement chaotique, au Canada au mois de mars, la présidente du Front national a décidé d'aller en Grande-Bretagne. Objectif : soutenir la campagne pour le "Brexit", la sortie du pays de l'Union européenne. Son entourage confirme que le principe d'une visite à Londres est maintenu avant le 23 juin, date du référendum britannique.
Interventionnisme. Il faut dire que le "Brexit" a de quoi fasciner Marine Le Pen, elle qui ne rêve que de cela pour la France. Cela apporterait, selon elle, la preuve qu'un peuple peut s'extirper des griffes de Bruxelles. Là où le bât blesse, c'est que les Anglais ne veulent pas de sa visite. Même le UKIP, parti nationaliste britannique, ne souhaite pas sa venue. D'abord parce que les Britanniques détestent l'interventionnisme. Pour les partisans du "Brexit", qui veulent retrouver leur souveraineté, voir une étrangère leur dire comment voter est un comble.
La dédiabolisation n'a pas fonctionné. Mais les réticences de la Grande-Bretagne sont également justifiées par l'image que conserve le Front national outre-Manche. Pour les Britanniques, Marine Le Pen rime avec Jean-Marie Le Pen et FN, un parti raciste et xénophobe. La stratégie de la dédiabolisation, le rejet du père aux multiples sorties de route et le slogan de "La France apaisée", rien de tout cela n’a franchi la Manche. Au point que certains élus britanniques ont même demandé à leur ministre de l'Intérieur d'interdire à Marine Le Pen d'entrer sur leur territoire.
La stratégie de la présidentialisation compromise. Cette image du Front national ancienne version qui poursuit Marine Le Pen à l'étranger complique la stratégie de présidentialisation de la présidente frontiste. À chaque fois qu'elle se déplace, cela déclenche une polémique. Au lieu de récolter respectabilité et reconnaissance internationale, Marine Le Pen renvoie une image de provocation. Désormais, certains de ses proches lui déconseillent même de se rendre là où elle n'est pas la bienvenue. Ses prochains déplacements à l'étranger se feront donc dans le cadre restreint de son groupe politique au Parlement européen. La présidente du Front national se rendra en Belgique, à Ostende, à l'invitation d’un eurodéputé du Vlaams Belang, le parti nationaliste Belge. Il y aura aussi une visite en Autriche, où le FPÖ d’extrême droite, qui compte quatre eurodéputés dans le groupe de Marine Le Pen, est favori pour la présidentielle.
Des voyages entre amis politiques qui ne feront pas de vague, mais qui ne donneront pas non plus à la candidate à la présidentielle la stature recherchée. Celle d'une chef d’Etat potentielle, reçue par les plus hautes autorités à l’étranger.