"Ils ne posent pas de manière honnête et objective les bonnes questions". Invité lundi de Sonia Mabrouk, Dimitri Pavlenko et Mathieu Bock-Côté, Bruno Le Maire a exprimé le profond fossé qui le sépare d'Eric Zemmour et de Marine Le Pen. À six mois de l'élection présidentielle, le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance dit être en "opposition frontale avec le diagnostic" et les solutions proposées par les deux candidats.
"L'espace qui rassemble Eric Zemmour et Marine Le Pen c'est ce que j'appelle le camp du déclin, le camp du défaitisme, celui qui ne croit plus dans les forces de la France et qui se dit 'Laissons tomber, replions nous sur nous-même'", a-t-il jugé.
"Lucide" sur les inquiétudes des Français
Bruno Le Maire s'est en effet dit en "opposition frontale" avec le diagnostic posé par le polémiste. "Je suis élu depuis 15 ans dans ma circonscription. Je vois les Français autant que les voit Eric Zemmour. Je suis lucide sur les problèmes migratoires du pays. Je suis lucide sur le fait que l'État de droit n'est pas toujours respecté, que les obligations de quitter le territoire français se transforment parfois en laissez-passer pour rester sur le territoire. Je suis lucide sur les inquiétudes des Français", a poursuivi le ministre.
Pour autant, s'il a estimé avoir été le premier à dénoncer la "gangrène de l'islam politique dans notre pays", il a également assuré être en désaccord total avec la méthode politique employée par Eric Zemmour. "Faire amalgame de tout cela pour jouer sur les peurs des Français et expliquer que la seule solution aux problèmes migratoires c'est de changer les prénoms des enfants français ou de renvoyer tout le monde chez soi est exagéré et non opératoire", a lancé Bruno Le Maire.
Un "diagnostic erroné"
Quant au phénomène médiatique qui entoure le personnage d'Eric Zemmour, crédité à 15% d'intentions de vote pour la présidentielle, le ministre de l'Economie a dit être là pour le "combattre". "Mon métier est de défendre des convictions. Et je considère que le diagnostic d'Eric Zemmour et de Marine Le Pen sur la société est erroné. Et je ne suis pas de ceux qui diront 'Ils posent les bonnes questions mais apportent les mauvaises réponses'. Non, je pense qu'ils ne posent pas de manière honnête et objective les vraies questions."
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"Je combattrais avec la dernière énergie cette option politique que je crois mauvaise pour le pays et qui en plus se réclame de l'Histoire, mais la falsifie très souvent", a encore assuré Bruno Le Maire. "Si certains ont le goût du pétainisme, personnellement, j'ai toujours eu la passion du gaullisme".
Il a enfin jugé que la désindustrialisation du pays a largement participé à la montée des extrêmes en France. "Nous avons laissé pendant trente ans filer l'industrie française. Parce que nous n'avons pas eu le courage de faire ce que nous avons fait avec Emmanuel Macron (...) Et j'ai vu en 20 ans dans ma circonscription à quel point lorsqu'une usine ferme, une permanence du Rassemblement national ouvre" a constaté le ministre.