L'opposition municipale de Grenoble a indiqué vendredi avoir déposé plainte contre le maire écologiste de la ville Éric Piolle, la politique vestimentaire dans les piscines municipales contredisant selon elle la décision récente du Conseil d'Etat interdisant le port du burkini. "Il appartient à tout organisme public d'assurer la neutralité du service public", a déclaré à l'AFP Alain Carignon, ancien maire et président du groupe d'opposition municipale "société civile, divers droite, centre".
Contre la décision du Conseil d'État
Selon lui, "Éric Piolle contrevient à la décision de la plus haute juridiction administrative française" en ayant "expressément autorisé l'intrusion dans la piscine de Grenoble de femmes en burkini", le 28 juillet dernier. Le maire estime au contraire que les entrées autorisées dans les piscines municipales - ce jour-là en particulier - sont conformes à la décision du conseil d'Etat interdisant les combinaisons féminines destinées aux musulmanes orthodoxes -avec jupette- mais pas les combinaisons ajustées au corps.
L'entrée de trois femmes en tenue couvrante ajustées dans la piscine Jean-Bron avait suscité un tollé de l'opposition municipale fin juillet, avec des flots de réactions sur les réseaux sociaux. À l'époque, la mairie avait cependant affirmé que tout était fait en respect des décisions du tribunal administratif et du Conseil d'État concernant le règlement de ses piscines municipales, puisque les maillots couvrant autorisés n'avaient pas de jupettes et n'étaient donc pas des burkinis.
Une question qui a agité le conseil municipal
Cette question vestimentaire agite le monde politique depuis que le conseil municipal de Grenoble a modifié le règlement intérieur des piscines municipales le 16 mai dernier.
Saisi par la mairie après suspension du texte au tribunal administratif fin mai, le Conseil d'État a confirmé le 21 juin que "la dérogation très ciblée apportée, pour satisfaire une revendication religieuse, aux règles de droit commun de port de tenues de bain près du corps édictées pour des motifs d'hygiène et de sécurité, est de nature à affecter le bon fonctionnement du service public et l'égalité de traitement des usagers dans des conditions portant atteinte au principe de neutralité des services publics". Sollicité par l'AFP, Eric Piolle n'a pas souhaité faire de commentaires vendredi.