Qu'attendre de la "Conférence du dialogue social", prévue vendredi matin à Matignon et qui réunira Jean Castex, plusieurs membres de son gouvernement, le patronat et les syndicats ? "Ce qui compte, c'est que le Premier ministre s'engage sur un certain nombre de sujets - le plan de relance économique, la lutte contre le chômage, l'emploi des jeunes, la lutte contre l'exclusion sociale - dans une volonté de dialogue social et d'agenda partagé pour avancer ensemble", répond le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, invité de la matinale d'Europe 1. "On va s'inscrire dans cette logique-là, à une seule condition : qu'il n'y ait pas de parasitage", avec "des sujets qui créent de la grosse conflictualité (...), et notamment celui des retraites", prévient-il toutefois.
Les travailleurs ont subi, comme tout le monde, le confinement
Car si le gouvernement entend désormais scinder la réforme en deux, en examinant d'abord le volet de l'équilibre financier du régime, mis à mal par la crise du coronavirus, Laurent Berger refuse, lui, toute réflexion sur le sujet à ce stade. "Tout le monde sait qu'on ne peut pas le faire en même temps qu'on s'occupe des problématiques d'emploi", argue-t-il.
D'autant plus qu'"aujourd'hui, ces régimes sont en partie menacés parce qu'il y a eu un élément conjoncturel qui a été le confinement, avec un non-versement de cotisations", selon le secrétaire général de la CFDT, pour qui cet élément doit être "isolé" avant toute réforme "paramétrique". "Il ne faut pas aller vers un allongement ou je ne sais quoi, ce ne serait pas juste dans cette période", martèle-t-il. "Les travailleurs ont subi, comme tout le monde le confinement."
"Il sera bien temps en début d'année 2021"
"Si vous voulez remettre du conflit, faire un automne ponctué de conflits sociaux, vous remettez la question financement des retraites sur la table en juillet ou à la rentrée", avertit donc Laurent Berger. "Ça créera un climat de défiance. (...) On a besoin d'un plan de relance, on a besoin de confiance." Le secrétaire général estime qu'"il faut repousser cette idée de discussion" dans son ensemble. "Il sera bien temps en début d'année 2021. Si on le fait maintenant, je ne donne pas cher de la capacité de relance en France."
Si le calendrier ne devait pas être celui-là, la CFDT pourrait-elle appeler à manifester ? Il est trop tôt pour le dire, selon le responsable, qui souligne que la formation "discute avec les uns et les autres, pour savoir ce que l'on peut faire ensemble".