C'était annoncé, écrit et répété : la candidature de Nicolas Sarkozy est tout, sauf, une surprise. Par conséquent, pour ses rivaux à droite, pas question de changer de stratégie de campagne. C'est en substance le message que s'évertuent à répéter les autres candidats à la primaire. Face à la tornade médiatique que génère l'annonce de l'ancien président, ses concurrents redoublent de petites phrases et de réparties acides. Et l'assurent : Nicolas Sarkozy ne dictera pas le calendrier.
"Pas une surprise", "un non-événement", "un faux-suspens" ou encore "un secret de polichinelle", voilà donc ce que l'on peut entendre dans les équipes de campagne d'Alain Juppé, de Jean-François Copé et de Bruno Le Maire. "Sa candidature est intégrée depuis le départ", explique à Europe 1 Benoist Apparu, soutien d'Alain Juppé. "Si on avait eu de Villepin candidat, oui ça aurait changé quelque chose mais là…"
Même indifférence du côté de Nadine Morano, qui moque la couverture médiatique de son ancien mentor : "sa vraie annonce de candidature, c'était le 19 septembre 2014. Vous ne croyez quand même pas qu'il est revenu pour diriger le parti ?" La candidate, qui a pour l'instant réuni les 2/3 des parrainages requis, poursuit : "C'est un plan de com' et vous plongez tous dedans. Il sort un livre ? Mais, ça ne va pas se jouer dans les librairies la campagne". Plus pragmatique, Michèle Tabarot, soutien de Jean-François Copé, assure : "pendant quelques jours, on ne va parler que de lui mais c'est normal, c'est l'annonce d'une candidature".
Démystifier Sarkozy. En faire un candidat comme les autres. C'est aussi ce à quoi s'appliquent les autres candidats. "Nous aussi quand on a fait notre entrée en campagne en février, on a eu une belle couverture médiatique", entend-on du côté de Bruno Le Maire. Son équipe se rassure aussi en constatant que sur le terrain, lundi soir, les gens disaient : "tenez bon, on ne veut pas de Sarko".
"On ne va pas lui rendre service en le mettant au centre de tout", ajoute Benoist Apparu. "François (Fillon) prendra la parole dimanche (à son meeting de rentrée à Sablé-sur-Sarthe le 28 août) et évoquera les autres candidats dont Nicolas Sarkozy", commente-t-on du côté de François Fillon. D'autres sont plus prudents à l'instar de Geoffroy Didier, candidat lui-aussi à la primaire. "J'ai beaucoup travaillé avec Nicolas Sarkozy, je ne vais pas le critiquer mais je ne suis pas candidat par rapport à lui", affirme-t-il. "Il a son projet, moi j'avance mes convictions", ajoute-t-il.
En conséquence, la candidature de l'ancien président ne changera rien aux différentes stratégies poursuivies par les uns et les autres. "On ne va pas adapter notre calendrier en fonction des stratégies des uns et des autres, c'est la meilleure façon de perdre ", explique-t-on du côté de Bruno Le Maire.
Pas de surprise non plus sur le fond. Les propositions de Nicolas Sarkozy, dont certaines sont égrenées dans son livre "Tout pour la France", étaient attendues par les autres candidats. "Chez Nicolas Sarkozy, il y a toujours une surenchère dans les propos mais ce n'est pas suivi d'effet", affirme Franck Riester, soutien de Bruno Le Maire. "C'est toujours la même chose avec lui, en 2012 on a eu un discours radicalisé par rapport à celui de 2007 et là, son discours est encore plus radicalisé", ajoute-t-il. Dans un tout autre registre, Nadine Morano se fait plus moqueuse : "vous avez vu qu'il a repris ma proposition de suspendre les aides sociales aux femmes portant le voile intégrale et qui sont récidivistes ? Ils devraient reprendre plus de mes propositions…"