Le gouvernement a appelé mardi à la levée "sans délai" des blocages des dépôts de carburants, en menaçant d'"intervenir" pour les débloquer, a déclaré sur RTL son porte-parole Olivier Véran. "Nous mettons tout en œuvre pour que cette situation s'arrête", a-t-il ajouté au lendemain d'une réunion d'urgence à Matignon, en évoquant la possibilité de procéder à des réquisitions ou de rouvrir les accès aux dépôts.
Borne annonce la réquisition des personnels pour débloquer les dépôts Esso-Exxonmobil
La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé mardi la réquisition des personnels pour le déblocage des dépôts de carburants du groupe Esso-Exxonmobil, où un accord salarial a été conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l'échelle du groupe mais pas de ses raffineries.
"Le dialogue social c'est avancer, dès lors qu'une majorité s'est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j'ai demandé aux préfets d'engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise", a déclaré Mme Borne lors des questions au gouvernement.
"Le gouvernement appelle à ce que la totalité des blocages soient levés sans délai. Sans quoi, nous prendrons nos responsabilités, c'est-à-dire que nous pourrions être amenés à les lever", a-t-il dit.
La différence entre Exxon et TotalEnergies
Olivier Véran a fait la différence entre la situation à Exxon, où "il n'y a plus aucune raison qu'il y ait le moindre blocage" après l'accord entre la direction et les syndicats lundi, et à TotalEnergies, où "la CGT continue à appeler à bloquer", ce que "nous considérons excessif et anormal". "La direction de Total a raison de demander la levée des blocages avant de discuter", selon lui.
Si la situation ne s'améliorait pas "très vite", le gouvernement pourrait "débloquer, rouvrir l'accès aux centres de dépôt et aux raffineries, et ensuite réquisitionner le personnel adéquat pour pouvoir permettre à la situation de se normaliser", a expliqué Olivier Véran. Il a estimé que retrouver "un fonctionnement normal" dans les régions les plus touchées allait "prendre quelques jours", et assuré que "ce sera le cas dans les 15 jours", soit avant les congés de la Toussaint.
Il a par ailleurs jugé anormal que "quelques profiteurs de grève" aient fait bondir "les prix de l'essence à la pompe" dans certaines stations.
Des réquisitions déjà évoquées
Le gouvernement "discute avec Total en vue qu'il puisse y avoir une prolongation sur quelques jours de la ristourne" mise en place par le groupe, selon le porte-parole. "Les jours de blocage d'accès au carburant que l'on est en train de vivre aboutiront aussi à des prolongements - c'est ce que nous demandons à Total - des ristournes", a confirmé son collègue chargé des Transports, Clément Beaune, sur RMC. Cette ristourne de 20 centimes le litre consentie par l'énergéticien était censée prendre fin le 1er novembre.
En revanche, concernant la ristourne de l'Etat, qui doit passer de 30 à 10 centimes à la même date, M. Beaune a affirmé que "pour l'instant on garde notre calendrier". "Il faut qu'on trouve notre équilibre entre le pouvoir d'achat - c'est évidemment la priorité -, la transition écologique, il ne faut quand même pas perdre le cap, et les finances publiques parce qu'évidemment tout cela est payé par quelqu'un, le contribuable", a encore indiqué Clément Beaune.
Clément Beaune a également évoqué des réquisitions pour débloquer les dépôts de carburant : "Il n'y a pas de tabou, toutes les options sont sur la table", a-t-il assuré.