Le Premier ministre Jean Castex a promis "solennellement devant le Sénat et le pays" mercredi qu'il n'y "aura pas de zones sans contrôles d'identité", réagissant à une demande d'"expérimentations" dans certains quartiers émise par la Défenseure des droits. Celle-ci constitue "une autorité indépendante" mais "il se trouve que le gouvernement de la République est également indépendant de la Défenseure des droits", a-t-il déclaré lors des questions au gouvernement au Sénat. "Il n'y a pas et qu'il n'y aura pas de zones sans contrôle d'identité, en application des lois de la République."
Le gouvernement "désapprouve"
"La Défenseure des droits est dans son rôle quand elle fait des propositions" et "nous accordons le plus grand respect aux institutions, aux personnes qui les dirigent, a fortiori quand nous les avons nommées", a déclaré mercredi Gabriel Attal à l'issue du Conseil des ministres. Mais "nous désapprouvons" l'idée "de suspendre les contrôles dans certains territoires en France" et ce n'est donc pas "une proposition" qui sera "suivie par le gouvernement", a ajouté le porte-parole du gouvernement, peu avant l'intervention de Jean Castex.
Vendredi, Claire Hédon a rappelé que son instance, qui observe notamment le respect de la déontologie des forces de sécurité, demandait depuis longtemps que des "expérimentations" soient menées dans certains quartiers, comme l'arrêt des contrôles d'identité, "qui peuvent devenir insupportables pour certains jeunes".
La défense de Claire Hédon sur Europe 1
Cette déclaration a fait réagir plusieurs syndicats policiers comme Alliance, qui l'a accusée de vouloir créer "des zones de non-droit", mais aussi, en creux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui a déclaré lundi à Poissy, dans les Yvelines, que "tous les policiers sont partout chez eux dans la République".
"Je n'ai jamais souhaité mettre fin aux contrôles d'identité" ou remettre en cause la présence de la police dans les quartiers sensibles, s'est défendue Claire Hédon mardi sur Europe 1. "Bien sûr qu'il faut des contrôles quand il y a une atteinte à l'ordre public, quand il y un comportement suspect, quand il y a une réquisition de la part du procureur… Mais cela ne veut pas dire contrôler l'identité en permanence", a nuancé la Défenseure des droits au micro de Sonia Mabrouk.
Des syndicats de police opposés
Les syndicats de police ont exprimé leur vive opposition à cette proposition. "Le problème de nos quartiers, ce ne sont pas les policiers. Ne facilitez pas le 'travail' des délinquants en créant des zones de non-droit", a répondu dans un tract Alliance, un des principaux syndicats chez les gardiens de la paix. "La prochaine fois que les policiers croiseront une bande en route pour une expédition punitive armée, ils détourneront le regard ?", s'est interrogé sur Twitter Synergie-Officiers, accusant la Défenseure des droits d'être "définitivement hors sol" et de vivre "dans un monde parallèle de bobos".
"Idée délirante", "recul terrible", "défenseur du non-droit" : plusieurs élus de droite et de la majorité ont aussi critiqué cette proposition. La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) s'est dite sur LCI "totalement défavorable" à la proposition, considérant que "rétablir le lien entre la police et la population" passe par "les caméras embarquées" qui permettent d'"être sûrs que ça ne dérape pas".