François de Rugy contre-attaque. Après trois jours de polémiques découlant de révélations du site d'investigation Mediapart, le ministre de la Transition écologique s'est défendu sur RMC, vendredi matin, excluant de démissionner et assurant avoir reçu le "soutien" du Président de la République. Europe 1 fait le point sur les différentes affaires auxquelles son nom est associé et les réponses apportées par le principal intéressé, selon qui "tous les jours sortent de nouvelles choses qui sont fausses".
Les dîners au ministère : une liste précise en cours d'élaboration
Le premier article de Mediapart, publié mercredi, évoque des dîners fastueux organisés à l'Hôtel de Lassay lorsque François de Rugy était président de l'Assemblée nationale, photos de homards et de grands crus à l'appui. L'image a marqué au point que dans les Deux-Sèvres, où le ministre était en déplacement jeudi, des manifestants l'ont accueilli avec un homard en plastique géant. "S'il y a des erreurs d'appréciation de ma part, je serai tout prêt également à les corriger. C'est normal, ce sont les comptes que l'on doit rendre aux Français", a alors déclaré le principal intéressé.
L'ancien écologiste a ensuite expliqué que ces "dîners informels" faisaient partie d'un "travail de représentation" au titre de ses fonctions. "J'assume totalement qu'un président de l'Assemblée nationale, comme un ministre, rencontre dans un cadre informel, le soir dans des dîners, des responsables d'entreprises, des responsables de la Culture, de l'Université...", a-t-il expliqué sur France Inter. "Nous avons reçu une fois par mois des personnalités diverses, qui toutes avaient quelque chose à nous apprendre, à nous dire, à partager; nous voulions faire entrer la société et ses problèmes à l'hôtel de Lassay", a renchéri son épouse, Séverine de Rugy, auprès du Point.
Sur ce point, François de Rugy a semblé amorcer un recul sur RMC, vendredi matin. "J'aurais peut-être dû changer une habitude de l'Assemblée nationale, qui est de sortir les grandes tables", a-t-il avancé. Tout en persistant à se défendre quant aux mets consommés lors de ces dîners : "les vins sont servis par le personnel de l'Assemblée nationale, qui les choisit. (...) Je déteste le caviar, le champagne me donne mal à la tête." Selon le ministre, le secrétaire général de la présidence de la chambre basse du Parlement doit désormais établir une liste précise des convives de ces dîners, au nombre de "neuf ou dix" et auquel n'a, selon lui, jamais été convié aucun membre de sa famille.
Les travaux de son logement de fonction : une enquête à venir
Le feuilleton s'est poursuivi jeudi, avec un autre article concernant des travaux réalisés par le ministre dans son logement de fonction à l'Hôtel de Roquelaure, pour un montant de 63.000 euros. Des frais que François de Rugy et son épouse justifient par la vétusté des lieux, qui n'avaient pas été repeints depuis une quinzaine d'années, selon Le Point. Un pommeau de douche et des lavabos neufs ont notamment été installés. "Les murs ont été peints : blanc ivoire et liseré bleu assorti", écrit l'hebdomadaire.
Sur ce point, le ministre a diffusé des courriels contenant les devis des travaux effectués en 2018, affirmant avoir comparé des offres raisonnables. Rappelant que "tout responsable public est astreint à la double exigence de transparence et d'exemplarité", et évoquant une "émotion légitime" des Français, Matignon a de son côté annoncé avoir demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter une inspection afin de vérifier que les travaux entrepris dans son logement de fonction ministériel se conformaient au "respect des règles".
L'appartement d'Orvault : "une tricherie du propriétaire et de l'agent immobilier" ?
Dans la soirée de jeudi, le ministre s'est enfin retrouvé empêtré dans une nouvelle affaire révélée par Mediapart, celle de la location d'un appartement à Orvault, près de Nantes et qui serait "à loyer social préférentiel", au prix de 622 euros par mois. "Cette information, si elle est avérée, je n'en ai moi-même jamais eu connaissance", s'est d'abord défendu François de Rugy sur Facebook, publiant ses échanges de courriels avec l'agence immobilière, son bail et ses réponses aux questions du site d'investigation.
"Jamais, de toute ma vie, je n'ai demandé un logement social", a encore martelé l'ancien écologiste sur RMC, vendredi, évoquant un appartement entrant dans le cadre de la loi Scellier - qui prévoit des avantages fiscaux pour les propriétaires louant en-dessous du prix du marché -, sans qu'il ne le sache. "Je suis victime d'une tricherie du propriétaire et de l'agent immobilier", a-t-il avancé, affirmant envisager "qu'on demande une enquête sur cette agence immobilière et sur ses pratiques".
La directrice de cabinet du ministre remerciée
Mercredi soir, Mediapart faisait en outre état d'un logement HLM à Paris, occupé par la directrice de cabinet du ministre, Nicole Klein, depuis 2001, et conservé de 2006 à 2018 alors qu'elle n'habitait plus la capitale. François de Rugy a "mis fin à ses fonctions de directrice de cabinet", a indiqué le ministère jeudi