Il était initialement prévu au printemps, puis a été décalé en juillet. Mais c'est jeudi matin qu'Emmanuel Macron a finalement présenté son plan pauvreté dans un discours destiné à rompre avec l'image de président des riches. Pour Cécile Duflot, directrice général d'Oxfam France, les propositions du gouvernement ne s'attaquent pas "aux racines des difficultés" et "des inégalités".
"1,2 million de pauvres en plus" depuis 20 ans. "La question de la pauvreté en France, c'est aussi la question des inégalités. Depuis vingt ans, on compte 1,2 million de personnes pauvres en plus", pose d'emblée Cécile Duflot. "La France est aussi le pays qui a connu le plus de nouveaux milliardaires l'année dernière", poursuit-elle. Celle qui a quitté la politique en avril dernier (elle était ministre du Logement sous le quinquennat Hollande) pour devenir directrice générale d'Oxfam France, estime que le plan présenté par le chef de l'État ne "s'attaque pas aux racines des difficultés et des inégalités. La racine des difficultés ce sont ces inégalités qui s'accroissent en France".
L'importance des minima sociaux. "Les politiques menées ont un impact sur les inégalités", considère Cécile Duflot. "Si aujourd'hui nous n'avions pas les minima sociaux, on aurait de la très, très grande pauvreté", explique l'ancienne ministre. Alors qu'Emmanuel Macron a particulièrement mis l'accent sur l'emploi, Cécile Duflot estime au contraire que ce n'est pas le sujet central. "Les gens pauvres aujourd'hui sont, par exemple, les femmes qui vivent seules, qui travaillent et qui élèvent leurs enfants. On voit bien que le problème ici c'est pas l'emploi", insiste-t-elle. Et d'enchaîner : "Oxfam défend une politique de réduction des inégalités, car les pays plus égalitaires, en matière de revenus, sont des pays où tout le monde vit mieux".