Une longue marche en solitaire, L'Ode à la joie en fond sonore et la pyramide du Louvre en arrière-plan : dès son élection, dimanche 7 mai, Emmanuel Macron a planté le décor de sa présidence jupitérienne. Cent jours plus tard, le locataire de l'Élysée souffre d'une baisse significative de sa popularité, fruit d'un bilan contrasté et d'une feuille de route chiffonnée.
Premiers pas diplomatiques sans fausse note. Dès le début de son mandat, le nouveau chef de l'Etat fait de la scène internationale son terrain favori. Poignée de main virile avec Donald Trump à Bruxelles, réception de Vladimir Poutine à Versailles, où il ose critiquer les médias russes devant le maître du Kremlin… Les premiers pas diplomatiques d'Emmanuel Macron se font sans fausse note, agrémentés de rencontres avec les chanteurs Bono ou Rihanna.
"Amateurisme" en politique intérieure. Mais très vite, les nuages s'amoncellent en politique intérieure avec les premiers soubresauts liés aux affaires. Le macroniste historique qu'est Richard Ferrand et les MoDem François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard quittent le gouvernement sitôt les législatives largement remportées par La République en Marche, le 18 juin. Un gouvernement qu'il avait promis resserré à 15 membres et qui aura finalement 20 ministres et 10 secrétaires d'État, et sans ministère pour les droits des femmes, comme il s’y était engagé.
Vient ensuite le clash avec le chef d'état-major des armées, Pierre de Villiers, sur fond de désaccord budgétaire. L'image d'Emmanuel Macron est également écornée par l'imbroglio autour de la baisse des allocations logement, véritable boulet de ces trois premiers mois de mandat. "Sur la ligne politique du gouvernement, il y a eu le sentiment chez les Français d'une forme d'amateurisme, avec l'absence d'une ligne directrice suffisamment forte depuis son arrivée au pouvoir", analyse Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion et politique chez Harris Interactive.
Plusieurs chantiers majeurs lancés. Dans le même temps, la loi de moralisation pour la vie publique est adoptée et les deux autres grands chantiers législatifs démarrent. Le premier est la loi anti-terroriste, déjà adoptée par le Sénat et au menu de l’Assemblée cet automne. Quant à la réforme du Code du travail, les députés ont donné leur feu vert pour légiférer par ordonnances, présentées la semaine prochaine aux syndicats. "Ce projet de loi peut créer des tensions extrêmement fortes chez les Français", anticipe Jean-Daniel Lévy.
"Les cent jours vont laisser des traces". En soignant son image et en raréfiant sa parole, Emmanuel Macron voulait éviter un décrochage dans l'opinion. Celui-ci se révèle finalement assez brutal. Va-t-il être durable ? "Ces cent jours vont laisser des traces, mais ce n'est jamais tout à fait rédhibitoire", explique le sondeur. Charge à Emmanuel Macron de manœuvrer habilement pour redresser la barre.