«C'est à nos compatriotes de confession juive, peut-être, de dégauchiser le Crif», lance Marine Le Pen

Il faut "peut-être" que les Français juifs "dégauchise(nt)" le Conseil représentatif des institutions juives de France, a lancé Marine Le Pen ce mardi. La cheffe de file des députés RN à l'Assemblée reproche au Crif de politiser des prises de positions, notamment à propos d'une visite de Jordan Bardella prévue cette semaine en Israël.
La cheffe de file du RN Marine Le Pen a estimé mardi qu'il fallait "peut-être" que les Français juifs "dégauchise(nt)" le Crif, coupable selon elle de politiser des prises de positions, notamment à propos d'une visite de Jordan Bardella prévue cette semaine en Israël.
"Le Crif est une structure de gauche", estime Marine Le Pen
Le président du RN Jordan Bardella et sa collègue eurodéputée Marion Maréchal sont invités à Jérusalem mercredi et jeudi par le gouvernement israélien, pour s'exprimer lors d'une conférence sur la lutte contre l'antisémitisme, à l'instar d'autres représentants de partis d'extrême droite européens.
Cette invitation est "le fait d'Israël" et "n'engage pas les institutions juives de France", a affirmé lundi Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), évoquant une lutte contre l'antisémitisme "intrumentalisé(e)" dans le but de "mettre en scène un Rassemblement national nouveau dans une stratégie de conquête du pouvoir". Il a également rappelé la "position historique des institutions juives de France" de "méfiance vis-à-vis du Rassemblement national", pour "des raisons historiques".
"M. Arfi est un homme de gauche, le Crif est une structure de gauche, qui prend des positions en fonction de ses convictions politiques plutôt qu'en fonction de l'intérêt de nos compatriotes de confession juive", a répliqué Marine Le Pen mardi face à des journalistes à l'Assemblée nationale. "C'est à nos compatriotes de confession juive, peut-être, de dégauchiser le Crif, pour qu'il reprenne véritablement le rôle qui doit être le sien, qui est celui de la protection de nos compatriotes, sans coloration politique", a-t-elle lancé.
Une étape majeure pour le RN
Lundi Jordan Bardella avait lui-même estimé que "M. Arfi fait de la politique" et que ses propos "font fi de la réalité". Le Rassemblement national "n'est plus le Front national", a-t-il estimé, considérant que la rupture en 2015 entre Marine Le Pen et son père Jean-Marie Le Pen s'était produite "en très grande partie en raison de la question de l'antisémitisme".
La visite du président du RN en Israël est une étape majeure pour le parti dans sa stratégie de dédiabolisation et de distanciation de son ancêtre, le Front national, dont le fondateur Jean-Marie Le Pen a été plusieurs fois condamné, notamment pour contestation de crime contre l'humanité, après avoir déclaré que l'existence des chambres à gaz était "un point de détail" de l'histoire.