"Je me prépare". Cécile Duflot ne l'a pas encore officialisé mais ne se cache pas : la présidentielle 2017 est dans sa ligne de mire. Pour pouvoir se présenter, l'écologiste doit avoir un programme et 500 parrainages d'élus. La chasse aux signatures est donc d'ores et déjà lancée.
Un programme en construction. La partie est pourtant loin d'être gagnée. Europe Ecologie-Les Verts a perdu 200 élus depuis 2012, au fil des élections municipales, départementales et régionales. Le parti n’en a donc plus que 150, ce qui fait 350 parrainages à trouver. Ce sera compliqué mais cela reste jouable. Côté programme, Cécile Duflot voit du monde : constitutionnalistes, intellectuels et scientifiques se succèdent pour la conseiller. Quelques mesures ont déjà été écrites, comme le retour au septennat non renouvelable ou l'introduction de la proportionnelle intégrale avec une prime majoritaire au second tour pour les élections législatives, exactement comme aux régionales. Bien entendu, le cœur du sujet reste la conversion de la société à l’écologie. Dernier signe, mais pas des moindres, que la députée de Paris vise l'Elysée : elle se tient à distance de la cuisine de son parti et se fait rare dans les médias pour rendre sa parole précieuse.
Objectif... 2027. Sa candidature n'a pourtant rien d'évident, alors qu'EELV a subi des divisions internes importantes et que les derniers résultats à la présidentielle (en 2012, Eva Joly avait récolté 2,31% des suffrages) ne sont pas très encourageants. De son propre aveu, Cécile Duflot y va pour gagner, mais faire 3% ne lui fait pas peur. En réalité, la députée se voit première présidente de la République écologiste en France. Pas en 2017, ni même en 2022, mais plutôt en 2027. Le temps, selon elle, de parvenir à faire gagner la conversion totale de notre société et de notre économie à l’écologie.
Rupture par rapport aux écologistes. En tenant ce discours, Cécile Duflot s'inscrit en rupture des écologistes. La présidentielle n'est en effet pas dans leur culture. La désignation du candidat conduit systématiquement à son suicide. Ainsi, en 2002, Alain Lipietz avait été dégommé pour être remplacé par Noël Mamère. En 2012, la campagne visant à départager Eva Joly et Nicolas Hulot avait été violente, marquée par les coups de poignards dans le dos et les noms d’oiseaux. En outre, les écologistes partent toujours sans programme. La démarche de Cécile Duflot est donc inverse : elle se prépare à la présidentielle pour gagner et gouverner en commençant par les idées pour être crédible.
L'hypothèse Hulot. Reste la possibilité, pour la députée, de se faire griller la priorité par Nicolas Hulot. Un concurrent sérieux, légitime et crédible, qui jouit d'une popularité certaine. Mais est-il bâti pour une présidentielle ? Tient-il sous la mitraille ? Rien n'est moins sûr. En 2011, l'ancien présentateur d'Ushuaïa s'était fait plier par Eva Joly, qui avait pourtant bien moins d’atouts que lui. Face à des adversaires de la trempe d'un Jean-Luc Mélenchon ou d'un Nicolas Sarkozy, la campagne présidentielle risque d'être très violente. Cécile Duflot, elle, connaît les grands fauves. Et ça ne lui fait pas peur.