Est-ce une situation qui relève d'un conflit d'intérêts ? Le secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler a approuvé en 2010 et 2011 des contrats entre l'armateur MSC, fondé et dirigé par des cousins de sa mère, et le port du Havre, dont il était alors membre du conseil de surveillance. C'est ce qu'a révélé Mediapart, lundi soir.
Une enquête ouverte par le PNF. Le site d'information avait déjà accusé Alexis Kohler de conflit d'intérêts au motif qu'il avait siégé à partir de 2010 au conseil d'administration de STX France (les chantiers navals de Saint-Nazaire), dont MSC était le principal client, et qu'il avait rejoint l'armateur en août 2016. Ces révélations avaient entraîné en mai l'ouverture d'une enquête du parquet national financier (PNF) pour "vérifier si les règles relatives à la mise en disponibilité des agents publics ont bien été respectées".
Directeur de la filiale Croisières en 2016. Le bras droit du président Emmanuel Macron était devenu en août 2016 directeur financier de la filiale Croisières de MSC, grâce au feu vert de la commission de déontologie de la fonction publique. Cette dernière s'était opposée en 2014 à une première tentative du haut fonctionnaire de travailler pour l'armateur. Alors que le numéro deux de l'Élysée a affirmé s'être "toujours déporté" (s'être écarté des débats, NDLR) quand il a eu à connaître comme haut-fonctionnaire des dossiers concernant MSC, Mediapart a ouvert lundi un nouveau front en publiant deux procès-verbaux du conseil de surveillance du "Grand Port maritime du Havre" (GPMH).
Alexis Kohler y siégeait, de 2010 à 2012, comme représentant de l'Agence des participations de l'Etat (APE) aux côtés du maire du Havre, l'actuel Premier ministre Edouard Philippe. Lors de ces deux réunions, en septembre 2010 et 2011, Alexis Kohler a pris la parole et voté en faveur de contrats à venir entre GPMH et Terminal Normandie MSC (TNMSC), filiale française de l'armateur et acteur majeur de l'extension du port alors en cours, révèlent les documents.