Pour le parti indépendantiste Corsica Libera, le refus dimanche du président de l'exécutif, Gilles Simeoni, de débattre avec Charles Pieri, ex-leader du FLNC, aux journées nationalistes est "une tempête dans un verre d'eau" qui ne révèle "aucun incendie dans la maison nationaliste".
Un petit "couac" organisationnel. Concernant "la tempête dans un verre d'eau provoquée par certaines réactions à chaud prêtées au président de l'exécutif (...), Corsica Libera tient à rétablir la réalité des faits et à dissiper toutes ces fumerolles noires qui ne sont révélatrices d'aucun incendie dans la maison nationaliste", écrit le parti de Jean-Guy Talamoni, dans un communiqué diffusé mardi. "Les anciens militants présents à la tribune y sont depuis toujours avec, pour seules interruptions pour certains, les années de prison", ajoute le parti qui concède un "petit 'couac' organisationnel, rien de plus". "La présence du président de l'exécutif territorial à ces débats là est, et reste pour nous, une priorité".
L'affaire Erignac en toile de fond. L'autonomiste Gilles Simeoni, qui devait débattre dimanche aux journées internationales de Corte, a finalement renoncé, l'animateur du débat étant Charles Pieri, considéré par les autorités comme l'ex-chef du Front de libération nationale corse (FLNC), ce qu'il nie. Les responsables de Corsica Libera "ont décidé de mettre à la tribune des dirigeants du parti, en conséquence j'ai considéré que ma place n'était pas à la tribune", avait expliqué Gilles Simeoni. Placé en garde à vue en février et en avril, Charles Pieri, qui est redevenu en début d'année le secrétaire général de Corsica Libera, est suspecté d'être l'auteur d'un message publié sur un compte Facebook qui lui était attribué, comparant la veuve du préfet Erignac aux "femmes françaises ayant eu des relations sexuelles avec des soldats allemands pendant la Seconde guerre mondiale".
Un message Facebook injurieux. Ce message avait été posté dans la nuit du 6 au 7 février, après la cérémonie d'hommage au préfet Claude Erignac, assassiné vingt ans plus tôt, organisée en présence d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat avait douché, quelques heures plus tard, nombre des attentes des nationalistes dans un discours à Bastia. Convoqué le 4 septembre au tribunal correctionnel de Bastia, M. Pieri devra répondre des chefs d'"injure publique en raison du sexe" et "injure publique en raison de l'origine" par voie électronique. Si le communiqué de Corsica Libera se voulait apaisant, il tacle néanmoins le parti d'union de Gilles Simeoni, Femu a Corsica, qui souffre de tensions internes. "Il est désormais grand temps que (...) Femu a Corsica devienne enfin le grand parti autonomiste dont la Corse a besoin et joue enfin pleinement son rôle au sein de Per a Corsica", la coalition formée avec Corsica Libera, juge-t-il.