Emmanuel Macron affirme, dans un entretien à Corse-Matin, qu'il sera "disponible et volontaire" en Corse jeudi pour débattre avec les élus insulaires malgré un regain de tension et de grogne dans les rangs nationalistes.
Un ton conciliant pour Macron mais des leaders nationalistes absents
"Je viens en Corse disponible et volontaire. Disponible pour toutes celles et ceux qui seront présents, et volontaire pour échanger et apporter ma part de réponses de manière concrète", annonce le chef de l'État dans cet entretien au ton conciliant. Il est attendu jeudi pour la dernière étape du tour de France qu'il a engagé dans le cadre du "grand débat national", avec une rencontre avec les élus insulaires à Cozzano, un village de l'intérieur.
Mais le président autonomiste du conseil exécutif corse Gilles Simeoni a annoncé qu'il ne "participera(it) pas en l'état" à cette rencontre, dénonçant "un blocage politique" avec Paris. Le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni a lui aussi annoncé son absence tandis que des appels à une demi-journée "Isula Morta" (Ile morte) ont été lancés pour jeudi entre 12 heures et 18 heures.
"Répondre directement aux questions spécifiques de la Corse"
Au cours du débat, Emmanuel Macron entend échanger "sur les sujets nationaux et la crise que nous traversons aujourd'hui, mais également pour répondre directement aux questions spécifiques de la Corse", qu'elles soient économiques, sociales ou politiques. Sa visite intervient dans un contexte de craintes d'une reprise des violences après la découverte lundi de deux tentatives d'attentat contre des bâtiments des finances publiques à Bastia, et le plasticage de plusieurs résidences secondaires depuis le début mars.
Indiquant avoir récemment eu "une longue discussion" avec Gilles Simeoni, le chef de l'État souligne que leur responsabilité commune "est de ne pas faire bégayer l'histoire" et de "tout faire pour que la page de la violence soit définitivement tournée". "Je pense qu'on peut défendre l'identité de la Corse et respecter profondément la République et ses valeurs", précise-t-il.
L'article spécifique de la Constitution sur la Corse est "toujours d'actualité"
Interrogé sur l'impression de rigidité qu'il avait laissée après sa première visite en Corse en février 2018, le président met en avant "la certaine tonalité" liée au 20ème anniversaire du préfet Claude Erignac, assassiné en février 1998. "Je dis toujours, là où je m'exprime, ce à quoi je crois très profondément", souligne-t-il.
Emmanuel Macron confirme que la principale annonce de cette première visite, l'inscription de la Corse dans la Constitution, est "toujours d'actualité". "C'est un geste politique fort. Un projet de texte a été débattu entre les représentants de la Collectivité de Corse et des maires et la ministre Jacqueline Gourault. Il a fait l'objet d'un compromis entre les attentes des Corses et les souhaits de la représentation nationale", indique-t-il, tout en reconnaissant que le texte "ne va pas aussi loin que certains l'auraient voulu". "Dès lors que la Constitution reconnaît la spécificité corse, l'efficacité sera au rendez-vous", assure-t-il.