Pour la neuvième fois depuis le début de la crise du Covid-19, Emmanuel Macron s'adresse aux Français. Quelques jours après l'alerte de l'OMS sur le risque d'un demi-million de morts en Europe d'ici au mois de février, le chef de l'État prend la parole pour notamment doper le rappel vaccinal face au rebond de l'épidémie. "Nous n'en n'avons pas terminé avec l'épidémie", a déclaré Emmanuel Macron. "La cinquième vague a commencé en Europe."
"Vaccinez-vous !"
Après avoir rappelé que 51 millions de Français sont entièrement vaccinés, Emmanuel Macron a incité les 6 millions de personnes en France qui n'ont encore reçu aucune injection : "Vaccinez-vous", a-t-il lancé. Un appel qui vaut également pour les personnes qui ont été vaccinés depuis plus de 6 mois. "La hausse de 40% en une semaine du taux d'incidence est un signal d'alerte."
Pass sanitaire à trois doses pour les plus de 65 ans, à partir de mi-décembre
"À partir du 15 décembre, il faudra justifier d’un rappel pour prolonger la validité de votre passe sanitaire", a annoncé Emmanuel Macron. "C’est grâce à la vaccination au pass, aux gestes barrières, que nous pourrons continuer de vivre et ne pas refermer les activités". "Une campagne de rappel sera lancée à partir du début du mois de décembre pour nos compatriotes âgés de 50 à 64 ans", précise par ailleurs le chef de l'État. Les modalités pratiques seront décidées dans quelques jours par les autorités sanitaires. Parallèlement, les contrôles de l'application du pass sanitaire seront renforcés.
Tour de vis sur l'assurance-chômage
Le président a ensuite entamé le volet économique de son allocution. Avec notamment l'annonce d'une réforme de l'assurance chômage, avec un changement de règle pour indemniser les chômeurs. "À partir du 1er décembre, une nouvelle étape va s'engager. Il faudra travailler au moins six mois dans les deux dernières années pour être indemnisé [contre 4 actuellement]." Par ailleurs, "les demandeurs d'emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leur allocation suspendue", a-t-il précisé, une disposition déjà prévue en cas de manquement aux obligations légales.
"Pôle Emploi passera en revue les centaines de milliers d'offres d'emplois disponibles sans réponse dès les prochaines semaines", a ajouté le président de la République. Actuellement, si les services de Pôle Emploi constatent un manquement de la part du demandeur d'emploi, celui-ci peut être radié temporairement ou définitivement des listes et voir le versement de son allocation suspendu ou supprimé.
Pas de réforme des retraites avant la fin du quinquennat
Les conditions "ne sont pas réunies pour relancer aujourd'hui" le chantier de la réforme des retraites, a jugé mardi Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée, tout en estimant qu'il faudrait "prendre des décisions claires" dès 2022. Ces décisions, qui "feront légitimement l'objet de débats", impliqueront notamment de "travailler plus longtemps, en repoussant l'âge légal" et de supprimer les régimes spéciaux, a-t-il ajouté.
"La situation sanitaire que nous vivons et qui est en train de se dégrader", ainsi que "le souhait unanime exprimé par les organisations syndicales et professionnelles de concentrer les efforts sur la reprise" et "le besoin de concorde en ce moment que vit notre nation font que les conditions ne sont pas réunies pour relancer aujourd'hui ce chantier", a estimé le président de la République. Il a cependant immédiatement ajouté que "dès 2022 il faudra, pour préserver les pensions de nos retraités et la solidarité entre nos générations, prendre des décisions claires" suivant "des principes simples".
Il faudra, a-t-il énuméré, "travailler plus longtemps en repoussant l'âge légal, aller vers un système plus juste en supprimant les régimes spéciaux, en harmonisant les règles entre public et privé et en faisant en sorte qu'au terme d'une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1.000 euros". Il a enfin évoqué la possibilité de "partir en retraite progressivement, d'accumuler des droits plus rapidement pour celles et ceux qui le souhaitent" et "d'encourager le travail au-delà de l'âge légal aussi pour celles et ceux qui en ont envie".
Relancer la construction de réacteurs nucléaires
Alors que le coût de l'énergie est au centre des préoccupations de ces dernières semaines, Emmanuel Macron a annoncé la construction de nouveaux réacteurs. "Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables", a-t-il dit dans une allocution télévisée, sans donner plus de détail à ce stade.
Cela "pour garantir l'indépendance énergétique de la France, pour garantir l'approvisionnement électrique de notre pays et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en 2050", a-t-il fait valoir. La France, qui tire la majorité de son électricité du nucléaire, ne construit actuellement qu'un seul réacteur nucléaire de nouvelle génération, l'EPR de Flamanville (EDF), dont le chantier entrepris en 2007 n'est toujours pas achevé. La France envisage de construire six EPR supplémentaires et EDF avait remis au printemps un dossier au gouvernement sur la faisabilité et les conditions d'un tel programme.
Le président Macron a aussi annoncé récemment des investissements dans un projet de futur petit réacteur (SMR). "Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnables et ne pas dépendre de l'étranger, il nous faut tout à la fois continuer d'économiser l'énergie et d'investir dans la production d'énergies décarbonées sur notre sol", a déclaré Emmanuel Macron, qui a déjà souligné les avantages de l'énergie nucléaire ces derniers mois, notamment du point de vue climatique. "Ces investissements nous permettront d'être à la hauteur de nos engagements au moment où nous allons clôturer la COP 26 à Glasgow", a-t-il assuré.