Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a réfuté mardi, comme ses prédécesseurs, le terme de "violences policières", estimant devant la commission des lois de l'Assemblée nationale que la police exerce "une violence légitime".
"Quand j'entends le mot 'violences policières' personnellement je m'étouffe", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Cette dernière phrase a été vivement critiquée sur les réseaux sociaux, notamment par la famille et les avocats de Cédric Chouviat, le livreur mort lors d'une interpellation en janvier dernier après un contrôle routier houleux.
"Quand j'entends le mot 'violence policière', moi, personnellement, je m'étouffe", assure @GDarmanin.
— LCP (@LCP) July 28, 2020
> "La police exerce une violence, certes, mais une violence légitime, c'est vieux comme Max Weber."#DirectANpic.twitter.com/efT7AWs3N9
"Les mots du nouveau ministre de l'Intérieur (Gérald Darmanin), qui évidemment ne peuvent être fortuits, ont profondément scandalisé et heurté la famille de Cédric Chouviat", affirment dans un communiqué ses avocats Me William Bourdon, Arié Alimi et Vincent Brengarth. "Chacun doit mesurer ce que disent ces propos du mépris et du cynisme du ministre de l'Intérieur pour les familles endeuillées ou meurtries par des violences policières".
La famille de Cédric Chouviat s'indigne
Comme l'a repéré le Huffington Post, les propos du ministre ont suscité un tollé sur les réseaux sociaux. La raison : une expertise réalisée sur des vidéos du téléphone de Cédric Chouviat et par l'un des policiers a montré que le livreur avait répété à sept reprises le mot "je m'étouffe", avant de mourir. Arié Alimi, l'avocat de la famille Chouviat, avait déjà vivement réagi sur Twitter. "Vous venez, Monsieur Darmanin, de dépasser toutes les limites de la décence", a-t-il écrit sur le réseau social.
Vous venez, Monsieur Darmanin, de dépasser toutes les limites de la décence. Vous m'étiez indifférent. Plus maintenant. À bientôt sous d'autres auspices. #CédricChouviat#jem'etouffe https://t.co/2TLRdqUmHr
— Arié Alimi (@AA_Avocats) July 28, 2020
La sœur de Cédric Chouviat a également partagé sa colère sur Twitter, réclamant des "excuses" au ministre.
Mais quelle honte Mr Darmanin.
— Chouviat Cynthia (@ChouviatCynthia) July 28, 2020
"Vous vous étouffez ????? "
Nous attendons vos excuses et surtout une réponse positive à notre demande de suspension en attente de procès.#justicepourcedric#ViolencesPoliciereshttps://t.co/MprRN1cTBE
Trois policiers mis en examen pour "homicide involontaire"
Cédric Chouviat, un père de famille de 42 ans, a eu un malaise lors de ce contrôle policier le 3 janvier près de la Tour Eiffel, au cours duquel il a été plaqué au sol avec son casque sur la tête. Transporté dans un état critique à l'hôpital, il est mort le 5 janvier. Trois policiers ont été mis en examen pour "homicide involontaire" début juillet et placés sous contrôle judiciaire. Une quatrième membre de l'équipage, qui a filmé la scène de l'arrestation, a pour sa part été placée sous le statut de témoin assisté.
Les "violences policières" ont régulièrement été dénoncées lors des manifestations de "gilets jaunes" et plus récemment lors de marches en hommage à Adama Traore ou Cédric Chouviat, décédés lors d'interventions des forces de l'ordre.