Alors que François Hollande a rejeté jeudi l’idée d'un "Etat d'exception" face au terrorisme, fustigeant l’outrance de ses adversaires politiques dans leurs propositions pour lutter contre la menace sur le territoire national, Gérald Darmanin, coordinateur de la campagne de Nicolas Sarkozy, a estimé au micro d'Europe 1 que le discours tenu par le président de la République ne tenait pas compte de la situation réelle du pays.
Des centres de rétention. "Les propositions du président Hollande sont bien loin de la réalité de ce que nous vivons et de ce que vivent les compatriotes", a déclaré le maire de Tourcoing. "Si des personnes sont radicalisées fichées S et qu’elles ne sont pas françaises il faut, comme Nicolas Sarkozy le demande, les expulser du territoire. Si elles sont françaises ou si elles ne sont pas expulsables, il faut les mettre immédiatement - si elles sont auteurs de menaces -, dans des centres de rétention sous l’autorité d’un juge. Il est tout à fait normal que les Français se protègent", a-t-il notamment soutenu.
Déchéance de nationalité. Jeudi soir, trois femmes, "vraisemblablement" prêtes à commettre des "actions violentes" selon Bernard Cazeneuve, ont été interpellées dans l’affaire des bonbonnes de gaz retrouvées dans une voiture abandonnée sur l’île de la Cité à Paris. "Il y a manifestement un ennemi de l’intérieur", a commenté Gérald Darmanin. "Il y a quelque mois, quand on utilisait ce mot, on était taxé de xénophobie, d’islamophobie ou de racisme. Il y a manifestement des gens qui ne se sentent pas français, qui ne mérite pas d’être Français", a-t-il estimé, appelant Nicolas Sarkozy, en cas de victoire, à promulguer la déchéance de nationalité.
Les tacles de Hollande à Sarkozy. François Hollande a tenu jeudi, devant un parterre de ministres, de parlementaires et de représentants de fondations, un discours sur la démocratie face au terrorisme. Le président de la République y a notamment taclé les propositions des candidats à la primaire de la droite et du centre, et visé plus particulièrement Nicolas Sarkozy en évoquant le risque de "reniements" de l’Etat de droit qui seraient "autant de renoncements, sans nullement assurer la protection des Français".
Un imam fiché S à Tourcoing ? De son coté, Gérald Darmanin a tenu à dénoncer la gestion du risque terroriste de la part des services de l'Etat qui, selon lui, laissent de côté les élus de terrain. "Par un syndicat de police, j’ai appris, il y a quelques heures, qu’il y aurait un fiché S dans ma commune. Je ne le connais pas. Je cherche à vérifier cette information", a annoncé l'édile au micro d'Europe 1, évoquant un imam, possiblement un Français converti. "Les syndicats de police qui m’ont alerté l’on fait par volonté républicaine. Je trouve vraiment scandaleux, pour ne pas dire inacceptable, [ …] que l’on laisse le maire tout seul face à des signes de radicalisation aussi graves".
"Un bilan absolument négatif". "Quand j’étais petit, on m’a offert un livre sur Napoléon, et je sais que de Wagram à Waterloo il n’y a pas loin", a ironisé Gérald Darmanin, alors que François Hollande s'exprimait jeudi depuis la salle Wagram à Paris, du nom d'une victoire de la Grande Armée face à l'Empire d'Autriche en 1809. "Je suis dans une région où les signes de radicalisation augmentent, je suis dans une région où le chômage a augmenté considérablement, je suis dans une région où, lorsque Nicolas Sarkozy a quitté le pouvoir, il y avait 500 migrants à Calais. Il y en a quasiment 10.000 aujourd’hui", a énuméré l'élu du Nord. "Il y a un bilan absolument négatif de François Hollande", conclut-il.