Déchéance de nationalité : Hollande ne veut pas de référendum

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David Doukhan avec M.B. , modifié à
MODIFICATION DE LA CONSTITUTION - En dépit des vives tensions à gauche, le chef de l'Etat est persuadé que sa réforme constitutionnelle obtiendra une majorité au Parlement, et exclut de passer par un référendum.
INFO EUROPE 1

Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Benoît Hamon, Christian Paul… La liste des élus socialistes opposés à l'extension de la déchéance de nationalité ne cesse de s'allonger. Mais en dépit de la grogne, François Hollande reste persuadé, selon nos informations, qu'il obtiendra une majorité suffisante au Parlement pour faire adopter la réforme constitutionnelle qui contient cette mesure si décriée.

Le référendum, un traumatisme personnel. Comme toute modification de la Constitution, ce texte peut être adopté de deux façons. Soit grâce à l'approbation des 3/5e de l'Assemblée nationale et du Sénat ; soit via un référendum. Et pour François Hollande, il est hors de question de choisir la seconde option. D'abord parce qu'il n'en veut pas. Le référendum est un traumatisme personnel qui remonte à 2005 pour le président de la République. A l'époque, il avait fait campagne en faveur du oui à la Constitution européenne, avant d'être cruellement désavoué par le peuple, qui avait rejeté ce texte à près de 55% des voix. Depuis, François Hollande nourrit, plus encore qu'une méfiance, une véritable aversion pour ce mode d'interrogation des électeurs.

Une campagne qui s'annonce difficile. En outre, le chef de l'Etat considère qu'il n'aura pas besoin d'y recourir pour cette réforme constitutionnelle. Certes, personne à l'Elysée ne pense que ce sera une partie de plaisir. La campagne pour recueillir la majorité des 3/5e au Parlement s'annonce âpre. Mais François Hollande fait le pari que les voix de Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Benoît Hamon ou Cécile Duflot n'arriveront pas jusqu'aux oreilles de la masse des députés et des sénateurs socialistes, qui préfèreront suivre l'opinion publique.

Les Français majoritairement favorables à la mesure. Or, celle-ci est penche nettement du côté de l'exécutif. "94% des Français sont favorables à la déchéance", répète inlassablement un conseiller du président, et "ça n'a pas échappé aux parlementaires". Autrement dit, s'il faut choisir entre ce qui plaît au peuple et les "grandes valeurs" de gauche, les élus tranchent généralement pour la première option.

Hollande en première ligne. Le Premier ministre Manuel Valls, le secrétaire national du PS Jean-Christophe Cambadélis et les deux patrons des groupes parlementaires, Bruno Le Roux et Didier Guillaume, seront en première ligne pour mener campagne en faveur de la déchéance de nationalité. Mais pour mettre toutes les chances de son côté, François Hollande est bien décidé à s'investir personnellement. En janvier, le chef de l'Etat présidera, comme chaque année, une dizaine de cérémonies de vœux. Autant d'occasions de faire un discours et de défendre sa réforme.

Des vœux aux Français symboliques. Le premier d'entre eux sera celui des vœux aux Français, le 31 décembre. François Hollande le fera depuis le salon Napoléon III, d'où il s'était solennellement exprimé après les attentats de novembre, mais aussi après ceux de janvier. Une démarche très symbolique. "L'esprit de Noël a peut-être soufflé sur certains responsables politiques mais pas sur nous", résume un proche du président. Et le même de conclure : "Nous, nous n'avons pas oublié que la menace est toujours là et nous ferons tout pour protéger les Français."