Déchéance de nationalité : les élus PS loin d'être convaincus

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Margaux Baralon avec William Galibert
DIVISIONS - En dépit de l'énergie déployée par le gouvernement pour convaincre sa majorité du bien-fondé de la déchéance de nationalité, les élus socialistes sont très réticents.

La pilule a bien du mal à passer. L'extension de la déchéance de nationalité aux terroristes binationaux nés Français, que François Hollande a décidé de maintenir dans son projet de loi de réforme constitutionnelle, déchire encore et toujours les rangs socialistes. "Près de 80% des députés PS sont contre", prévenait Bernard Roman, élu du Nord, la semaine dernière dans L'Obs. Ce qui explique pourquoi le groupe PS à l'Assemblée a envoyé un argumentaire à ses troupes.

Un argumentaire pour convaincre les députés. Problème : ce texte, qui ambitionne de "resituer le contexte et la portée" de la déchéance de nationalité, ne convainc pas grand-monde. Invoquant les attentats de janvier et de novembre, le document mettait en avant la symbolique de la mesure. "La communauté nationale est ouverte à ceux qui adhèrent à ses valeurs", était-il écrit. "Ceux qui les rejettent violemment s'en excluent d'eux-mêmes." Au total, trois pages d'éléments de langage et six arguments pour apprendre aux élus à défendre le dispositif du gouvernement.

"On n'avait pas besoin de ça". L'exercice de pédagogie ne semble pas avoir eu l'effet escompté. "C'est un inventaire pour débile", lâche un député socialiste, tandis qu'un autre pointe du doigt "un document fait à la va-vite". Un troisième juge quant à lui qu'il "n'avait pas besoin de ça". "On s'achemine vers une résistance sereine mais très résolue", résume le frondeur Christian Paul au Figaro. "L'opposition se fait naturellement."

Une tribune sur Facebook. Qu'à cela ne tienne, le gouvernement a d'autres idées pour défendre la déchéance de nationalité. Lundi, Manuel Valls a sorti l'artillerie lourde en publiant un long billet sur sa page Facebook pour expliquer le bien-fondé de la mesure. Le Premier ministre, qui conteste le fait que ce dispositif "serait une idée d'extrême-droite", développe une nouvelle fois les arguments de l'exécutif. "Acte symbolique qui sanctionne ceux qui se sont eux-mêmes exclus de la communauté nationale", la déchéance de nationalité existe déjà pour les binationaux nés à l'étranger. L'étendre à ceux qui sont nés Français serait donc une façon de rétablir une forme d'égalité, sous-entend le chef du gouvernement.

Une majorité à trouver. Pas sûr que cela suffise à rallier des élus aussi remontés. Mais Manuel Valls comme François Hollande sont bel et bien partis en campagne. Le chef de l'Etat ayant exclu de passer par un référendum, il lui faudra la majorité des 3/5e à l'Assemblée nationale et au Sénat pour faire approuver sa réforme constitutionnelle. Les débats parlementaires, qui s'ouvriront le 3 février, promettent d'être animés.