Florian Philippot et le Front national, c’est fini. Après plusieurs jours de tensions, le désormais ex-vice-président du FN a annoncé son départ jeudi. La veille au soir, Marine Le Pen, poussée par de nombreux cadres, lui avait retiré tout rôle au sein du mouvement. "Elle n’a pas vraiment eu le choix. Elle a vu qu’il prenait de plus en plus d’indépendance, d’importance et que ses ambitions personnelles étaient affichées", estime dans Europe Midi Astrid de Villaines, journaliste à la chaîne parlementaire, co-auteure de Philippot 1er : Le nouveau visage du Front national. "Le divorce était quasiment inévitable. Florian Philippot pensait qu’il pouvait tout se permettre", abonde Virginie Le Guay, chef adjointe du service politique de Paris Match.
"Elle est privée de sa tête pensante". Pour autant, ce départ n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Marine Le Pen. "C’est un coup dur pour Marine Le Pen. C‘était son allié principal, celui à qui elle se confiait tous les matins", explique Astrid de Villaines. "Il est très bosseur, c’est un énarque, elle en n’a pas comme ça des gens de cette qualité intellectuelle autour d’elle. En plus de ça, c’était un porte-parole. Elle perd un allié", juge la journaliste. "C’est une clarification inévitable, et un coup dur. Sans Florian Philippot, elle est privée de sa tête pensante. Qu’est-ce qu’elle va faire maintenant ? Aujourd’hui, il s’en va, Marine Le Pen se retrouve seule. La reine est nue. Que va faire la reine, c’est toute la question ?", s’interroge de son côté Virginie Le Guay.
"Est-ce que Marine Le Pen pourra se représenter ?" "Je ne sais pas si elle va se remettre si facilement", poursuit la chef adjointe du service politique de Paris Match. "Ça va dépendre de sa capacité à elle de se refonder. Quelle va être son énergie, sa dose de travail, son intelligence, pour arriver à convaincre les électeurs qui l’ont vu au débat et qui se sont pour partie détournés d’elle ?", questionne encore la journaliste. "Marine Le Pen a montré ses limites. Et une fois qu’on a montré ses limites, ça reste dans l’esprit des gens. Elle espère se représenter en 2022. Est-ce qu’elle pourra le faire, c’est toute la question." D’autant qu’il lui faudra composer avec le retour à une ligne identitaire qui n’est pas forcément sa tasse de thé. "Marine Le Pen se retrouve un peu isolée autour de ces cadres qui ont plus la ligne identitaire, conservatrice", confirme Astrid de Villaines.
Philippot ? "Il reste arc-bouté, ça va être sa perte". Et Florian Philippot alors ? "Il n’y a pas beaucoup de créneau pour lui. Il est assez proche d’un Nicolas Dupont-Aignan, d’un Guaino, d’un Chevènement, qui sont des personnalités qui ne portent pas grand-chose dans la vie politique", analyse Astrid de Villaines. "En plus, il a des convictions, il n’en démordra pas. Il ne rogne pas sur ses convictions", explique l’auteur de Philippot 1er. "Il a loupé l’étape où on lui proposait à l’intérieur du mouvement d’infléchir sa ligne. Il est resté arc-bouté sur ses positions. Et ça va être sa perte", assène de son côté Virginie Le Guay. "Sur la sortie de l’euro par exemple, il se met dans une situation presque de divorce avec une grande partie des Français. Et je ne suis pas sûre que la position des Français vis-à-vis de l’euro change".