À leurs yeux, qu’est-ce qu’être Européen ? À 19 jours du scrutin des européennes, les six participants du second débat organisé par Europe 1 et CNews ont été invités à répondre à cette question.
Nathalie Arthaud, première à prendre la parole, dit se sentir "plus qu’Européenne". "Mon identité profonde, c’est communiste, justement c’est une identité internationaliste", explique la porte-parole de Lutte Ouvrière. "La réalité c’est ça, aujourd’hui, avec les satellites, les téléphones cellulaires, on partage à l’échelle de la planète un tas de choses. On est relié économiquement, socialement, culturellement. Ça dépasse les frontières de l’Europe."
Pour Guillaume Balas, coordinateur national du mouvement Génération.s, "être Européen, c’est se battre pour le progrès humain en Europe". Le numéro trois de la liste de Benoît Hamon se lance ainsi dans un plaidoyer en faveur des libertés publiques à travers les Etats membres. "Etre Européen, c’est aller en Pologne avec, notamment, les homosexuels et les femmes qui se battent pour leurs droits et qui sont réprimés. C’est aller en Hongrie avec les militants démocrates hongrois qui, aujourd’hui, voient la liberté de la presse suspendue par bien des aspects. C’est aller en Roumanie manifester avec ceux qui s’opposent à la politique du gouvernement socialiste actuel, parfaitement antisocial et qui augmente les inégalités. C’est aller en Espagne, voir comment on peut construire, ensemble, un futur différent", énumère-t-il.
Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, fait valoir l’appartenance à une culture et une histoire commune. "Ça n’est pas partager des civilisations, c’est partager une civilisation. Il y a une civilisation européenne, comme il y a une civilisation chinoise", estime l’ancien maire de Drancy. "On partage notamment l’invention de la démocratie, on partage un héritage judéo-chrétien - ce n’est pas la peine de le masquer - on partage l’Habeas Corpus, inventé en Grande-Bretagne, on partage les Lumières et cette fascination pour le progrès scientifique et la connaissance, qui n’était pas partagée partout, on partage des libertés politiques."
Pour Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, la notion de partage est primordiale pour expliquer ce qu'est "être Européen". "C’est, d’un côté être Français, de l’autre pouvoir aller vers d’autres cultures, d’autres pays, à la rencontre d’autres peuples", explique-t-il. "C’est pouvoir vivre en paix, dans la prospérité", poursuit-il, déplorant toutefois que l’Union européenne n'ait pas su respecter ce programme. "Pour moi, l’Union européenne symbolise surtout la concurrence entre les peuples, la concurrence entre les travailleurs et les salaires. On nous oppose, entre travailleurs polonais, roumains ou français, et ça ne produit pas de l’amitié alors qu’il devrait y en avoir."
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Les autres participants au débat, à savoir Florian Philippot, le président des Patriotes, et François Asselineau, le président de l’UPR, tous les deux favorables à un "Frexit", ont préféré répondre à cette question en se lançant dans un réquisitoire contre l’Union européenne. "L’union européenne c’est une idéologie qui s’est dotée d’outils politiques et technocratiques. L’objectif est de capter le pouvoir et de détruire les nations et les démocraties nationales", a voulu dénoncer l’ancien bras droit de Marine Le Pen.
"On est tous Européen en ce sens que l’on appartient à un continent européen avec des civilisations prestigieuses", relève de son côté François Asselineau. Avant de citer la déclaration d’intention de Georges Marchais pour les européennes de 1979, et dans laquelle l’ancien leader communiste s’alarmait d’un risque de dépouillement de la souveraineté française par les instances européennes. "Les électeurs français qui votent pour la construction européenne votent pour la destruction de notre pays et de notre unité nationale", conclut François Asselineau à l'issue de sa lecture.