La proposition d'Emmanuel Macron de réfléchir à l'instauration d'un "devoir de visite" des pères dans les familles monoparentales, reposant le plus souvent sur des mères seules, soulève des interrogations. Comment un tel devoir peut-il se traduire ? Existera-t-il un quota d'heures ? Un livret de devoirs à remplir ? Tant de questions auxquelles Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a tenté de répondre, lors de La Grande interview Europe 1-CNews ce jeudi.
"Il y a un déséquilibre de responsabilités"
Sur cette proposition, la ministre affirme qu'il s'agit d'un "débat très sain à avoir, parce qu'on s'est finalement accommodé à l'idée que des femmes pouvaient tout assumer toutes seules et que ce n'était pas bien grave et que les pères, finalement, se limitaient à une pension alimentaire […] il y a un déséquilibre de responsabilités. Et quand on est parent, on reste parent pour toute la vie de notre enfant, même si on se sépare".
Pour Aurore Bergé, il faut s'interroger sur "ce qui est bon pour nos enfants". "Je ne dis pas que c'est un débat simple, je pense que c'est un débat courageux, sain, sur la responsabilité et le rôle des parents, au bénéfice de nos enfants, au bénéfice des familles et au bénéfice de l'égalité entre les femmes et les hommes", a-t-elle ajouté.
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"Il n'y a pas de rappel à la responsabilité du père"
Interrogée sur certains cas où les pères pourraient être violents et nocifs pour les enfants et la mère, Aurore Bergé précise qu'il n'est pas question de forcer une relation quand il y a un risque de violence.
"Combien de fois, j'ai reçu des témoignages de femmes séparées qui me disent que leur ex-conjoint ne vient finalement pas récupérer les enfants ce week-end ? Qu'est-ce qui se passe dans ces cas-là ? Il ne se passe rien. Il n'y a pas de rappel à la responsabilité du père, il n'y a pas de sanction pour le père qui ne vient pas. Par contre, c'est la mère qui doit tout assumer et qui doit réorganiser son week-end. Ce n'est pas normal", a-t-elle affirmé au micro d'Europe 1 indiquant que la proposition de l'exécutif vise principalement à ne pas déléguer systématiquement cette responsabilité aux mères.