Le président français Emmanuel Macron est depuis lundi soir à Ouagadougou, au Burkina Faso, première étape d'une tournée africaine de trois jours qui se poursuivra en Côte d'Ivoire et au Ghana. Dans son discours prononcé dans une ambiance tendue - des manifestants ont dressé des barricades et incendié des pneus sur la voie menant à l'université de la capitale burkinabè dans laquelle il s'exprimait - Emmanuel Macron a cherché à convaincre une jeunesse africaine de plus en plus hostile à la présence française sur le continent. Le président français a affirmé que les crimes de la colonisation européennes étaient incontestables.
"Ce qu'essaye de faire Emmanuel Macron, c'est justement de répondre à un ressentiment", analyse mardi Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste de l’Afrique, invité dans Europe Midi. "On voit bien qu'Emmanuel Macron veut rompre avec ce qu'on a appelé la Françafrique. Dire que dans sa génération, on est dans un autre projet, qui est un projet commun et qu' il n'y a pas une politique africaine de la France mais une politique française qui concerne les différents continents mais aussi que l'enjeu c'est de construire un avenir commun", étaye le spécialiste.
"Un homme d'une nouvelle génération qui s'adresse à des jeunes". "Il a tenu un discours qui est celui d'un homme d'une nouvelle génération qui s'adresse à des jeunes, qui représentent la majorité de la population. Car l'âge médian en Afrique est de 20 ans en moyenne et que l'on a dans les pays sahéliens un âge encore plus jeune compte tenu de la faible transition démographique", rappelle Philippe Hugon.
"Il n'est pas donneur de leçons". Pour le spécialiste, le président Macron a tenu un discours à l'opposé de celui de Nicolas Sarkozy, qui à Dakar en 2007, avait affirmé que l'homme africain n'était pas assez entré dans l'histoire. " Il s'adresse à la jeunesse, aux étudiants, il ne s'adresse pas aux professeurs", pointe-t-il. "D'autre part, il tient le discours opposé (à celui de Nicolas Sarkozy), à savoir l'Afrique a un passé qu'elle doit gérer mais c'est aussi un continent du futur, un continent où les opportunités sont très grandes". Philippe Hugon a également noté le ton du président et son attitude, souriante : "Il n'est pas donneur de leçons, au contraire, il essaye de construire un avenir commun entre l'Afrique et la France et demain l'Europe."