Sous réserve de validation par les militants, qui devront se prononcer par voie postale, on connaît désormais le nouveau nom du Front national : dimanche, Marine Le Pen a proposé que la formation qu'elle préside soit rebaptisée "Rassemblement national". Un choix pas si novateur, et qui ne change pas le parti en profondeur selon le spécialiste Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, interrogé par Europe 1.
"Rassembler au-delà de ses propres troupes". Ce nom "a déjà été utilisé en 1986, lorsque le FN avait tenté de profiter de l'introduction du suffrage proportionnel pour élargir sa représentation", rappelle l'expert. Sous l'égide de Jean-Marie Le Pen, le parti entendait alors s'ouvrir "à des élus ou des militants de la droite parlementaire". Et pour le politologue, "c'est bien ce que Marine Le Pen escompte pour 2019, ou au-delà : récupérer des élus venus des Républicains ou d'autres formations de droite qui penseront que la seule façon de continuer le combat pour la souveraineté, pour l'identité, c'est de rejoindre le Front national. Pour l'instant, des défections de ce type, il n'y en a pas eu énormément. C'est dans l'optique de rassembler au-delà de ses propres troupes que Marine Le Pen a décidé de ce changement de nom."
" Si le Front national évolue trop sur ses fondamentaux idéologiques, il perd des électeurs "
"Une continuité programmatique". La stratégie s'avérera-t-elle payante ? "Je pense que ça n'est pas suffisant", explique Jean-Yves Camus. "Si le Front national évolue trop sur ses fondamentaux idéologiques, il perd des électeurs. Il y a une telle continuité programmatique que les électeurs vont se dire : 'on nous propose la même chose sous un autre emballage'..." estime-t-il. "C'est la ligne de crête extrêmement difficile à emprunter, et que Marine Le Pen doit suivre : essayer de faire la rupture, mais avec les mêmes idées."
Un congrès plutôt réussi, mais... Pour autant, la présidente du FN a plutôt réussi son congrès de Lille, qui visait ce week-end à mobiliser ses militants après l'essoufflement post-présidentielle, estime le directeur de l'Observatoire des radicalités politiques. "Elle a été réélue présidente du Front national avec 100% des voix et elle n'a plus cette épine dans le pied de la présidence d'honneur qui avait été accordée à Jean-Marie Le Pen", souligne-t-il. "Elle a fait un discours qui a été une prestation assez honorable", ajoute-t-il.
Seule ombre au tableau : "cette affaire de vidéo qui vient un peu gâcher la fête". Une référence aux images de Davy Rodriguez, assistant parlementaire de Marine Le Pen, filmé tenant des propos racistes en marge du congrès. "Ça prouve qu'il y a toujours des comportements individuels qui ne sont pas sous contrôle, c'est le moins que l'on puisse dire."