Coup de tonnerre jeudi chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV). François de Rugy, le député de Loire-Atlantique et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale claque la porte du parti. "Pour moi EELV, c’est fini", annonce-t-il dans une interview au journal Le Monde. Une concrétisation flagrante du climat délétère qui règne désormais chez cette formation, pourtant toute jeune.
Retour sur les différentes étapes du mouvement depuis le triomphe de 2009 jusqu’aux divisions les plus récentes.
2009 : Le rêve de Dany et le succès électoral. "J’ai rêvé d’un bébé extraordinaire", disait jeudi matin Daniel Cohen-Bendit dans sa chronique sur Europe 1. En 2009, les Verts laissent la place à la liste Europe Ecologie sous l’impulsion de Dany mais aussi de José Bové qui ont lancé la formation en 2008. Le mouvement, qui se veut ouvert à la société civile, réalise un score bien au-delà des attentes aux élections européennes de juin : 16% des suffrages. Le parti manque de peu de devancer les socialistes. Un an plus tard, le mouvement prend le nom d’Europe Ecologie-Les Verts. Mais dès ce moment les traditionnelles querelles refont surface. Certains affirmant que l’appareil politique a vite repris la main sur le mouvement civil.
Mai et juin 2012 : la douche froide à l’élection présidentielle avec Eva Joly. L’ancienne juge Eva Joly est préférée à Nicolas Hulot pour représenter EELV à la présidentielle de 2012. Au terme d’une campagne catastrophique, la Franco-Norvégienne n’obtient que 2,31% des voix. Mais au bénéfice d’un accord avec le Parti socialiste, EELV envoie 17 députés à l’Assemblée nationale et forme pour la première fois de son histoire un groupe parlementaire. Les Verts entrent aussi au gouvernement : Cécile Duflot devient Ministre de l’Egalité des territoires et du Logement tandis que Pascal Canfin est nommé Ministre délégué au Développement.
Décembre 2012 : Dany quitte EELV. Fin 2012, première défection : Dany quitte le navire EELV. "Je suis déçu par la réalité d’Europe Ecologie", explique l’eurodéputé à l’AFP. "Je croyais qu’on allait faire quelque chose de nouveau. Et finalement, on a fait de l’ancien avec du nouveau", ajoute-t-il. Plusieurs raisons expliquent ce départ. L'ancien leader de mai 68 n'avait d'abord jamais été favorable à la candidature d'Eva Joly. Lui plaidait pour que son parti ne présente pas de candidat à l'élection présidentielle pour pouvoir négocier un groupe avec le Parti socialiste à l'Assemblée nationale. Autre point de désaccord : la gouvernance du parti. "Dany le rouge" devenu "Dany le vert" a très tôt regretté le manque d'ouverture de ses camarades écologistes. Enfin, le vote du conseil fédéral du parti, en septembre 2012, contre la ratification du traité budgétaire européen, un texte qu'il défendait, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Novembre 2013 : Emmanuelle Cosse succède à Cécile Duflot. En poste depuis 2010 comme secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot cède la main à Emmanuelle Cosse. Habitués aux têtes d’affiche, les Verts choisissent cette fois une quasi-inconnue du grand public pour les diriger. L’ancienne présidente d’Act up est aussi une proche de Cécile Duflot. Pourtant, les dissensions entre les deux femmes vont très vite faire jour, notamment quant à la stratégie à adopter face au gouvernement socialiste.
Mars 2014 : les Verts quittent le gouvernement, les divisions s’accélèrent. Manuel Valls est nommé Premier ministre et Cécile Duflot quitte le gouvernement. EELV décide de ne pas participer au gouvernement de l’ex-ministre de l’Intérieur. Depuis lors, les Verts ne cessent de se déchirer entre les partisans d’un retour au gouvernement et ceux qui refusent d’y mettre un pied. Emmanuelle Cosse y est favorable tandis que Cécile Duflot s’y refuse.
Août 2015 : François de Rugy claque la porte, la stratégie des élections régionales en question. Le député de Loire-Atlantique, partisan d'un retour des Verts au gouvernement, claque donc la porte en août. "Aujourd’hui, on n’arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d’un parti qui s’enfonce dans une dérive gauchiste", déclare-t-il dans Le Monde. "Ils ont tous participé à détruire ce qu’on avait créé avec Europe Ecologie", a réagi Daniel Cohen-Bendit sur Europe 1.
En plus de ce départ surprise, EELV doit faire face à une question épineuse : quelle stratégie adopter pour les élections régionales ? Durant l’université d’été, les écologistes se sont divisés sur le sujet : si les militants ont choisi dans toutes les régions de se présenter en autonomie vis-à-vis du PS, ils doivent encore choisir s’ils s’allieront avec des partis du Front de gauche, y compris dans les deux régions où le Front national pourrait gagner (Nord-Pas-de-Calais/Picardie et PACA).