"Un grand corps malade […] que l’on va être obligé de mettre en soins palliatifs", déclarait en février le député écologiste Noël Mamère sur BFMTV, à propos d’EELV. L'arrivée de Manuel Valls à Matignon a entériné la fracture entre les pro-gouvernement et ceux qui estimaient que les conditions du ralliement à la candidature de François Hollande n’étaient plus respectées, conduisant à l'implosion du parti. Ces derniers mois de nombreux élus ont quitté ses rangs et le groupe parlementaire a été dissous. L'hémorragie s’est aussi propagée aux adhérents : depuis 2013, leur nombre a fondu, passant de 12.000 à 6050 selon les chiffres du parti. Enfin, les très mauvais résultats aux dernières élections ont achevés de conduire EELV au bord de la banqueroute politique et financière.
Se "réinventer". Samedi 11 juin, le parti espère poser les bases de son redressement lors d’un Congrès "extraordinaire" à l’issue duquel sera désigné le remplaçant d’Emmanuelle Cosse, qui a rallié le gouvernement en février. David Cormand, qui occupe le secrétariat national par intérim, devrait être reconduit à ce poste. Lors du 1er tour, sa motion, "Réinventer, Horizon 2025", soutenue par Cécile Duflot et Julien Bayou, a remporté 35,13% des suffrages.
Ce Congrès est "un point de départ" vers la reconstruction du parti, explique-t-il à Europe 1, avouant que le plus difficile reste encore à faire : l’unité et la mise en place d’une candidature pour 2017. "Mais c’est un moment politique difficile pour tous les partis traditionnels", veut-il nuancer, évoquant notamment la pléthore de candidatures du côté des Républicains, ou encore la difficulté du PS à s’entendre sur la question des primaires.
Une clarification douloureuse. "Il y avait des divergences de fond qui nécessitaient une clarification, clarification qui s’est faite dans la douleur, ce qui n’était pas nécessairement souhaitable", reconnaît David Cormand, également conseiller municipal de Canteleu. Ainsi, les multiples défections des derniers mois ont eu pour effet de balayer la ligne pro-gouvernementale à l’intérieur du parti. Sur les cinq motions déposées, une seule prône encore une alliance avec le PS et une participation à des primaires de la gauche, la motion EUROPA qui est arrivée en quatrième position avec 16,57% des voix.
Nicolas Hulot, le candidat rêvé. Dans un entretien accordé vendredi à L’Opinion, Eva Joly a déclaré : "Nos combats depuis 40 ans sont de bons combats mais nous n’arrivons pas à les incarner", avant d’estimer que Nicolas Hulot était "le candidat idéal", candidat qu'elle avait pourtant battu lors de la primaire écologiste de 2011. "Elle sait de quoi elle parle", ironise David Cormand qui espère également une candidature de Nicolas Hulot sous la bannière EELV : "J’étais pour lui en 2007 et en 2012. Je continue à penser que c’est le meilleur". L’ex-animateur semble faire l’unanimité ; Cécile Duflot, qui avouait en septembre se préparer pour 2017, a précisé quelques semaines plus tard, sur Canal+, qu’elle soutiendrait Nicolas Hulot dans l’hypothèse d’une candidature.
Ce dernier bénéficie en effet d’une forte popularité, qui pourrait lui permettre de mobiliser au-delà du camp des verts. Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, réalisé fin mai, 68% des Français ont une bonne opinion de lui. "Je souhaite un projet écologiste incarné par un écologiste avec un périmètre qui dépasse EELV", détaille David Cormand.
La pression du calendrier. Mais Nicolas Hulot ne s’est pas encore prononcé sur ses intentions, reportant sa décision à décembre. "Il y a nécessité à se dépêcher. S’il est amené à dire non fin 2016, on ne peut pas se retrouver sans rien avoir préparé", explique l’élu. "Tout ne peut pas reposer sur la décision de Nicolas Hulot". D’autant plus que si une majorité des Français apprécie l’animateur, ils ne sont que 31%, toujours selon le sondage Odoxa, à souhaiter sa candidature pour 2017. Les écolos regardent au-delà de leur parti pour se sauver, mais même cela semble difficile.