François Fillon se faisait discret depuis quelque temps. L'ancien candidat à la présidentielle a complètement disparu de la scène politique française. Empêtré dans une affaire d'emplois fictifs qui auraient profité à son épouse Pénélope Fillon, il se présente jeudi soir sur le plateau de France 2 dans "Vous avez la parole", pour s’expliquer, donner sa version. Et peut-être aussi rebondir sur quelques-unes de ses "fautes politiques", comme celles pointées par les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, grands reporters au Monde, et auteurs d'Apocalypse Now : Les années Fillon (éditions Fayard). Invités le 16 janvier au micro de Nathalie Levy, sur Europe 1, les deux journalistes du Monde sont revenus sur les deux erreurs qui ont selon eux précipité la chute de l'ancien Premier ministre.
"Tout le monde est d'accord, à droite, pour dire que c'est impardonnable"
"La première est en juin 2014 lorsqu’il va déjeuner avec Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée sous François Hollande, pour lui demander d’accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy", explique Fabrice Lhomme, invité il y a deux semaines sur Europe 1. Le journaliste indique que dans l'arène politique, "ça ne se fait pas d’aller voir l’ennemi pour dénoncer un camarade de son propre camp". Et comme le disent plusieurs témoins contactés par les deux compères, François Fillon "signe lui-même son arrêt de mort à ce moment-là". "Tout le monde est d’accord, à droite, pour dire que c’est impardonnable".
Mais François Fillon en rajoute une couche. Il provoque Nicolas Sarkozy, pourtant très populaire à droite, en août 2016 à Sablé-sur-Sarthe. Dans son fief, François Fillon, alors candidat à la primaire de la droite, interpelle son auditoire : "Qui imagine un seul instant le général De Gaulle mis en examen ?" Cette saillie à peine déguisée contre l'ex-chef de l'Etat "est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", livre Fabrice Lhomme.
Robert Bourgi et l'affaire "des costumes"
À l'affaire des emplois fictifs s'ajoute alors celle dite "des costumes". Dans cette dernière, François Fillon est soupçonné de trafic d'influence à cause de l'achat de deux costumes pour une valeur de 13.000 euros qui lui auraient été offerts par "un ami généreux", dixit le Journal du dimanche, à l'origine de l'information. Qui a fait sortir cette affaire ? Robert Bourgi, un avocat très proche de... Nicolas Sarkozy !
Fabrice Lhomme assure que "le crime est quasiment signé" de la main de l'ex-chef de l'Etat. Robert Bourgi confie même aux deux journalistes que le lendemain de la parution de cette information gênante pour François Fillon, il reçoit un coup de fil de Nicolas Sarkozy qui ne dit qu'un mot, "merci", avant de raccrocher.
Alors, François Fillon est-il coupable ou pas dans l'affaire des emplois fictifs ? La justice tranchera le 24 février lors de son procès. Toujours est-il que l'ancien premier ministre a été désigné coupable, par la droite et sans réserves, d'avoir trahi sa "famille" politique.