"Pas question" d'augmenter les impôts des ménages : Élisabeth Borne a tenté de rassurer mercredi lors de la rentrée du gouvernement, "mobilisé" sur les priorités des Français, en attendant qu'Emmanuel Macron clarifie sa prochaine "initiative" pour débloquer une situation politique toujours aussi complexe.
"Il n'est pas question, ce n'est pas du tout la philosophie du gouvernement, d'augmenter les impôts des ménages. Au contraire, on veut continuer à baisser les impôts en étant évidemment attentif au pouvoir d'achat des classes moyennes", a déclaré la Première ministre lors d'un entretien sur France Bleu. De la même manière, il n'est pas prévu de relever les taxes sur l'alcool.
L'augmentation des franchises médicales fait "partie des réflexions"
Mais alors que la taxe foncière, fixée par les villes, s'annonce en forte hausse, elle a reconnu que son engagement ne concernait que le budget de l'Etat. Et elle a admis que l'augmentation des franchises médicales faisait "partie des réflexions" pour boucler des budgets pour 2024 sous forte contrainte financière.
Si elle a assuré que le pouvoir d'achat restait une priorité de l'exécutif, elle a également expliqué qu'un nouveau "chèque carburant" n'était pas sur la table, assurant qu'il ne fallait pas s'attendre à "une flambée des prix" à la pompe "dans les prochaines semaines.
Canicules plus fréquentes
La cheffe du gouvernement a par ailleurs dit espérer que les auteurs de la fusillade dans laquelle un enfant de dix ans a été tué lundi à Nîmes seront "punis à la hauteur" de ce "drame épouvantable". Lors du Conseil des ministres de rentrée, le chef de l'Etat a "rappelé les priorités sur lesquelles le gouvernement doit être mobilisé", a dit Élisabeth Borne. À commencer par les fortes chaleurs, évoquant l'isolation des bâtiments comme chantier prioritaire.
Une interview accordée au journal Le Point
C'est dans les colonnes du Point qu'Emmanuel Macron doit de son côté, selon l'Elysée, "poser les bases de la rentrée" avec "des marqueurs très forts d'autorité et d'unité", moins de deux mois après les émeutes urbaines. Dans cet entretien attendu mercredi soir, il va détailler son initiative politique "inédite" qui sera mise en oeuvre "rapidement", ajoute-t-on dans son entourage.
Emmanuel Macron avait annoncé qu'il prendrait cette "initiative politique d'ampleur" aux contours encore flous juste avant sa pause estivale au Fort de Brégançon, la résidence des présidents sur la Méditerranée d'où il a notamment suivi la situation au Niger après le coup d'Etat militaire. L'objectif affiché de ces futures rencontres avec les forces politiques est de rechercher au cas par cas, sur des thèmes-clés mais souvent clivants comme l'immigration, l'ordre, le travail, les services publics ou encore l'écologie, la majorité absolue dont le président est dépourvu à l'Assemblée nationale depuis sa réélection en 2022.
Le locataire de l'Élysée entend démontrer sa capacité d'"action"
Selon un cadre de la Macronie, "tout doit être mis en œuvre pour éviter" le "blocage" que représenterait une éventuelle motion de censure votée par la droite avec les autres oppositions et donc susceptible de faire tomber le gouvernement. L'interview doit aussi permettre au président d'évoquer ses projets pour l'école avant la rentrée des classes, au cœur d'un probable déplacement dès la semaine prochaine.
Selon son entourage, le locataire de l'Élysée entend démontrer sa capacité d'"action" en France comme sur le front diplomatique - il exposera lundi ses priorités lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, avant de participer au sommet du G20 en Inde les 9 et 10 septembre puis d'accueillir le roi Charles III.
Autres points forts des semaines à venir : la présentation de la planification écologique, à laquelle Emmanuel Macron consacrera plusieurs jours et des déplacements courant septembre, et la Coupe du monde de rugby que la France accueille à partir du 8 septembre à moins d'un an des Jeux olympiques de Paris.
Fin juillet, le chef de l'Etat avait prôné "l'ordre" en réponse aux violences urbaines provoquées par la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle. Et mi-août, il a mis en garde la jeunesse française contre le "chaos" et la "désunion".
"2027, c'est bien loin"
Dans l'immédiat, il va être confronté au risque de voir sa propre autorité sur ses troupes décliner à mesure que les prétendants à sa succession s'émancipent. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ouvert tôt le bal en disant cet été "s'inquiéter de ce qui se passera en 2027". Et va tenter de scander le rythme de la rentrée avec sa réunion politique de dimanche dans son fief de Tourcoing.
Si Emmanuel Macron n'a fait "aucune allusion" à la rencontre organisée par son remuant ministre, selon un autre membre du gouvernement, Élisabeth Borne lui a adressé une mise en garde à peine voilée : "2027, c'est bien loin", a-t-elle lancé, soulignant que sa "préoccupation" à elle était "vraiment la cohésion du gouvernement".