Les Français ont choisi. Emmanuel Macron est devenu président de la République dimanche soir, après avoir recueilli 66,10% des suffrages, selon les résultats définitifs. Il s'est imposé face à Marine Le Pen, à l'issue d'une campagne pleine de rebondissements. Mais c'est surtout la rapidité de son accession au pouvoir qui frappe. Énarque, banquier, ministre, leader politique et désormais chef de l'État, Emmanuel Macron a grimpé les marches quatre à quatre, en à peine quinze ans.
Retour sur les 10 étapes qui qui ont permis à ce natif d’Amiens d’accéder à la magistrature suprême avant son 40e anniversaire, le premier depuis Louis-Napoléon Bonaparte élu en 1848 alors qu'il avait seulement 40 ans :
- 23 avril 2017 : En tête lors du premier tour de l’élection présidentielle
Qui aurait parié il y a cinq ans que cet ancien énarque, banquier, conseiller et ministre arriverait en tête du premier tour de l’élection présidentielle et qu’il deviendrait chef de l’Etat deux semaines plus tard ? Sa première place le 23 avril, avec 24,01% des suffrages, est certes, le résultat de plusieurs circonstances positives, comme le renoncement du président Hollande ou la campagne chaotique du candidat LR François Fillon. En se plaçant en tête devant Marine Le Pen, la dynamique est pour lui au soir du premier tour.
- 1er mars 2017 : Un programme pour le leader d’En Marche !
L’argument a pesé pendant les premiers mois de la campagne. “Ni de droite, ni de gauche”, Emmanuel Macron est critiqué de toutes parts : on lui reproche de ne pas avoir de programme alors qu’il est candidat depuis plus de trois mois. Devant la polémique, ses équipes peaufinent rapidement un programme rendu public le 1er mars, dans lequel figure, pêle-mêle, l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, l’assouplissement des 35 heures ou encore la moralisation de la vie publique. Après un creux dans les sondages à la fin du mois de février, le leader d’En Marche ! entame une nouvelle séquence et rattrape progressivement Marine Le Pen.
- 16 novembre 2016 : Emmanuel Macron se déclare officiellement
Les marcheurs à l’assaut de toute la France, c’est en cours. Le diagnostic du pays préalable à l’élaboration du projet est également complété. Ne manquait plus que la candidature officielle. Emmanuel Macron met fin au vrai-faux suspense qui entoure sa démarche en officialisant sa candidature à la présidence de la République, depuis Bobigny, en Seine-Saint-Denis.
- 30 août 2016 : Le ministère de l’Economie, c’est fini
Comment se placer dans la course pour 2017 ? Rester au gouvernement pour mieux rester visible ? En sortir pour avoir les mains libres ? Emmanuel Macron choisit la deuxième option et quitte Bercy en bateau à la rentrée, pressé de poser les bases de son opération de conquête de l’Elysée. “J’ai touché du doigt les limites de notre système politique”, confie-t-il au moment de s’en aller. A ce moment, sans dévoiler qu’il est candidat, le désormais ex-ministre a du mal à convaincre qu’il ne brigue pas la magistrature suprême.
- 6 avril 2016 : Le lancement officiel d’En Marche !
Emmanuel Macron se sent à l’étroit au sein du gouvernement. Constamment remis à sa place par le Premier ministre Manuel Valls, peu pris en compte par François Hollande, il prépare son coup et prévient ce dernier début avril 2016 qu’il compte lancer son propre mouvement politique, sans lien avec le Parti socialiste. C’est chose faite le 6 avril, depuis Amiens, “sa” ville. “Moi, je suis dans un gouvernement de gauche, mais je veux aussi travailler avec des gens qui sont à droite et je pense qu’on peut refonder par le bas de manière sincère et authentique”, annonce-t-il pour justifier la création de son mouvement. L’affaire est balbutiante, sans argent ni élus, mais celui qui est toujours ministre en parallèle entend déjà “bouleverser la vie politique française”.
- 26 août 2014 : Emmanuel Macron entre à Bercy
Il s’était pourtant décidé à s’éloigner du monde politique après son départ du secrétariat général du Château, mi-juillet. Mais sa proximité avec François Hollande et ses relations à l’Elysée lui permettent d’être nommé, à 36 ans, ministre de l’Economie en remplacement du frondeur Arnaud Montebourg. A Bercy, il se fait connaître du grand public en défendant la loi qui porte son nom, texte aux dispositions très variées qui acte le tournant plus libéral du quinquennat.
- 15 mai 2012 : Arrivée au secrétariat général de l’Elysée
Emmanuel Macron s’installera à l’Elysée dimanche prochain au plus tard, date butoir de la fin du mandat de François Hollande. Un lieu qu’il connaît bien, lui qui a été secrétaire général adjoint du Palais pendant deux ans, de 2012 à 2014, sous le mandat de François Hollande. Conseiller sur les questions économiques, parfois plume des discours du président, il devient surtout “l'hémisphère droit” du chef de l’Etat après l’avoir aidé, dans l’ombre, à remporter l’élection présidentielle.
- 1er septembre 2008 : La période Rothschild
Marine Le Pen l’a martelé mercredi, lors du débat de l’entre-deux-tours : Emmanuel Macron est un ancien banquier. De fait, après l’Inspection des finances, l’énarque a passé quatre ans à la banque d’affaires Rothschild, de 2008 à 2012. Il y était chargé des fusions-acquisitions et a notamment chapeauté le rachat des laits infantiles de Pfizer par Nestlé, une opération à neuf milliards d’euros.
- 27 août 2007 : Il se fait un nom au sein de la commission Attali
Doit-on y voir le premier signe qu’Emmanuel Macron est à la fois de gauche et de droite ? Au sein de la commission Attali, du nom de l’ancien conseiller de François Mitterrand chargé par Nicolas Sarkozy de plancher sur la modernisation de l’économie, celui qui n’a pas encore 30 ans apporte à son premier mentor et aux autres membres de ce cénacle une expertise juridique chiffrée.
- 9 avril 2004 : Nomination à l’inspection générale des finances après l’ENA
La carrière d’Emmanuel Macron est véritablement lancée au printemps 2004, quand il intègre l’Inspection générale des finances après deux ans à l’Ecole normale d’administration (ENA). L’Amiénois était arrivé à Paris avant la Terminale, parvenant à être admis à Sciences Po Paris après une classe préparatoire à Henri-IV. Treize ans plus tard, la promotion 2004 a essaimé dans les ministères, la haute administration et les grands groupes financiers.