Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron a "assumé" ses responsabilités devant les députés. Patrick Strzoda, auditionné mardi à l'Assemblée nationale, a assuré qu'il n'avait "pas assez d'éléments" pas saisir la justice après les violences commises par Alexandre Benalla. "Je comprends parfaitement qu'on puisse considérer que (cette sanction) n'était pas adaptée, en tout cas en ce qui me concerne j'assume ma décision", a déclaré le haut fonctionnaire, précisant avoir proposé lui-même cette sanction.
Patrick Strzoda a également pointé du doigt un cadre de la préfecture de police de Paris, Laurent Simonin, mis en examen dans cette affaire. "(Alexandre Benalla) m’a dit que l’invitation lui a été faite par Monsieur Simonin, chef d'état-major de la DOPC à la préfecture de police. J’en ai déduit que la hiérarchie de la préfecture de police était au courant".
Les trois infos à retenir
- Patrick Strzoda "assume" la sanction contre Alexandre Benalla et le non-recours à l'article 40
- Alexandre Benalla était invité le 1er mai par Laurent Simonin, cadre de la préfecture de police de Paris, selon le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron
- Alexandre Benalla "avait en charge les déplacements non-officiels du président de la République"
Le directeur de cabinet "assume" la sanction et le non-recours à l'article 40
Patrick Strzoda "assume (s)a décision" de sanctionner Alexandre Benalla et de n'avoir pas eu recours à l'article 40 du Code de procédure pénale (qui permet à un fonctionnaire de signaler un délit à la justice). "J’assume ma décision. J'ai proposé cette sanction. J’ai considéré que je n’avais pas assez d’éléments pour faire un recours à l’article 40", a-t-il assuré. "La sanction est prise par mes soins : une suspension de 15 jours sans traitement et une modification des fonctions, équivalent à une rétrogradation puisqu’il a été déchargé de la responsabilité de la sécurité des déplacements du président de la République", a-t-il déclaré.
"La sanction a été ressentie comme telle par l’intéressé. Il lui a été interdit d’être présent dans son service, 15 jours de traitement retirés, et surtout un dernier avertissement. Il a aussi été mis à l’écart de l’organisation des déplacements du président de la République", a poursuivi le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, répondant aux questions des députés sur la "légèreté" de la sanction infligée à Alexandre Benalla. "Je comprends parfaitement qu'on puisse considérer que (cette sanction) n'était pas adaptée, en tout cas en ce qui me concerne j'assume ma décision".
M. Strzoda explique pourquoi l'Elysée n'a pas utilisé l'article 40, le 2 mai: "Cette interpellation n'a pas donné lieu à dépôt de plainte ou ITT. J'ai considéré que je n'avais pas assez d'éléments pour justifier d'un recourt à l'article 40." #DirectAN >> https://t.co/HcrrUy0ZJhpic.twitter.com/aqYnZyjI6i
— LCP (@LCP) 24 juillet 2018
Emmanuel Macron informé par Alexis Kohler
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron a également précisé la chaîne de commandements dans cette affaire. Patrick Strzoda a contacté Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée, immédiatement après avoir appris les faits dès le 2 mai. Ce dernier a ensuite informé Emmanuel Macron, alors en déplacement à l'étranger. "Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler a porté à la connaissance du Président les éléments que je lui avais donnés, (dont) ma proposition d'une sanction de 15 jours. Dès que le président en a été informé, j'ai mis en oeuvre cette mesure."
"Je n'ai pas eu d'instruction contraire", a précisé Patrick Strzoda.
Alexandre Benalla était invité par Laurent Simonin, cadre de la préfecture de police de Paris
Le directeur de cabinet a assuré qu'Alexandre Benalla l'avait informé de sa présence aux manifestations du 1er mai en tant qu'observateur, sur invitation de Laurent Simonin, chef d'état major de la DOPC à la préfecture de police. "Benalla m'a informé qu’il était invité par la préfecture de police en tant qu’observateur pour la mission du 1er mai. Il m’a dit que l’invitation lui a été faite par Monsieur Simonin, chef d'état-major de la DOPC à la préfecture de police. J’ai considéré que l’invitation était faite par un haut-gradé de la DOPC, qui a une réputation de professionnel. J’en ai déduit que la hiérarchie de la préfecture de police était au courant", a déclaré Patrick Strzoda.
Lundi, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, avait affirmé ne pas avoir été informé de la présence d'Alexandre Benalla le 1er mai. Laurent Simonin, chef d'état-major de la DOPC (direction d'ordre public et de la circulation), est mis en examen dans cette affaire.
Selon le dir cab de l'Élysée Patrick Strzoda, c'est le chef d’état-major de la direction de l’ordre public et de la circulation Laurent Simonin qui a invité en tant qu'"observateur" A. Benalla.
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Alexandre Benalla, un homme "très apprécié dans la maison"
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron a loué les qualités d'Alexandre Benalla, un homme "très apprécié dans la maison". "Il était très apprécié dans la maison car il était très disponible, très efficace et très réactif. [...] On ne m'a jamais signalé des écarts de comportement jusqu'au 1er mai. [...] J’ai effectivement maintenu M. Benalla dans un certain nombre de fonctions qui le rattachaient au cabinet".
Patrick Strzoda a, enfin, précisé les fonctions d'Alexandre Benalla à l'Elysée. L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron "avait en charge, avec les services compétents, l'organisation des déplacements non officiels du président de la République". Alexandre Bennalla avait également en charge "l'organisation du programme d'accueil des personnalités que le Président invite pour le défilé du 14-Juillet" et "une présence sur le terrain le jour du 14-Juillet". Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron a cependant refusé de dévoiler le montant du salaire perçu par Alexandre Benalla, au titre de la séparation des pouvoirs, provoquant de vifs réactions de plusieurs députés.