Discret depuis plusieurs semaines alors que la contestation sociale ne cesse de prendre de l'ampleur, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux Français jeudi sur TF1 pendant le journal de Jean-Pierre Pernaut. Pendant plus d'une heure, le président de la République a défendu sa politique et sa façon de gouverner. Il a notamment fait des annonces sur l'escalade des tensions en Syrie, la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes ou encore le pouvoir d'achat des salariés.
- Faire "respecter le droit" en Syrie
C'est la grande actualité des derniers jours : le ton monte sur la Syrie. Les nouvelles attaques du régime ont provoqué la fureur de Washington. "J’ai la preuve que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, au moins du chlore, par le régime de Bachar al-Assad", a affirmé Emmanuel Macron. Le président a réaffirmé les objectifs de la France dans la région : "lutter contre les terroristes jusqu’au bout", "nous assurer que le droit international est respecté, "tout faire pour qu’il y ait des cessez-le-feu pour les populations civiles", "garantir un accès aux ONG humanitaires, sortir les femmes et les enfants des zones de guerre", "enlever les moyens d’intervention chimique du régime" et "préparer la Syrie de demain". Interrogé sur les tensions entre Donald Trump et Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a répondu : "En aucun cas la France ne laissera une escalade survenir".
- Grève des cheminots : "Je les appelle au calme"
Emmanuel Macron ne s'était pas beaucoup exprimé sur la grève des cheminots, c'est maintenant chose faite. Et le président a mis les pieds dans le plat : "L'opinion n'est pas un objectif en soi". Comprendre qu'il ira au bout de sa réforme malgré la grève qui paralyse le trafic. "Je sais toutes les difficultés de nos concitoyens", a assuré Emmanuel Macron, avant de se lancer dans un exercice de pédagogie du projet de loi ferroviaire. "Je garantis que la SNCF restera à 100% publique, ce sera inscrit dans la loi", a-t-il dit à destination des cheminots qui s'inquiètent du futur statut de la SNCF.
Mais le président a aussi fait preuve de fermeté. "Je respecte les syndicats et ils ont leur place dans le dialogue social. Je leur dis juste : 'n'ayez pas de craintes illégitimes'. Comme eux, je crois qu'on a besoin d'une SNCF forte, d'un service public fort. Mais je les appelle au calme, je leur demande de penser à nos entreprises et nos concitoyens", a martelé Emmanuel Macron. Le chef de l'État a par ailleurs annoncé que l'État reprendra "dès le début" une partie de la dette de la SNCF, le reste étant soumis à un assainissement financier.
- Hausse de la CSG : "Je demande un effort aux retraités"
La grogne monte également chez les retraités qui subissent la hausse de la CSG sans avoir le bénéfice de la baisse des cotisations sociales. "Il n'y a pas de mépris. Je demande un effort aux retraités, je le sais et je les en remercie. Je n'ai jamais pris un retraité pour un portefeuille", s'est défendu Emmanuel Macron. "Attendez le 1er novembre, vous aurez un tiers de taxe d'habitation en moins. L'un dans l'autre, vous allez vous y retrouver au niveau du pouvoir d'achat", a assuré le président. "J'ai beaucoup de considération pour nos aînés."
- Éducation : "nous allons ouvrir 1.000 classes en zone rurale"
La fracture territoriale a logiquement été évoquée par Jean-Pierre Pernaut, notamment en termes d'éducation. "On va ouvrir 3.000 classes en France, dont 1.000 dans les zones rurales. On va augmenter le taux d’encadrement des élèves", a tenu à rassurer Emmanuel Macron. "Simplement, il y a des endroits où il faut fermer des écoles, parce qu’il n’y a pas assez d’élèves." Par ailleurs, le président de la République a répété son "engagement pour le rural" : "pour la première fois depuis huit ans, les dotations des communes rurales ne vont pas baisser".
- Entreprises : "Plus aucune charge sur l'intéressement"
La reprise économique est désormais bien entamée mais nombre de Français peinent à en mesurer les retombées sur leur pouvoir d'achat. "Je veux que les salariés profitent de la reprise. Une entreprise, ce sont des femmes et des hommes qui produisent des choses. On a permis qu’il y ait plus de flexibilité, maintenant il faut redonner aux salariés", a annoncé Emmanuel Macron. "Pour les entreprises jusqu’à 250 salariés, il n’y aura plus, au 1er janvier 2019, la moindre charge sur l’intéressement", a-t-il précisé.
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- Limitation à 80 km/h : "Si ça ne marche pas, on arrêtera"
"Il faut faire baisser le nombre de morts sur la route", a redit le chef de l'État. "La moyenne des trajets étant de 20 kilomètres par jour, ça vaut peut-être le coup de perdre deux minutes", a-t-il défendu. Sur ce sujet, Emmanuel Macron a pris "deux engagements". D'une, "les recettes des contraventions seront reversées aux hôpitaux qui soignent les blessés de la route". De deux, "la transparence sur les résultats : si cela ne fonctionne pas, nous arrêterons et nous redonnerons la main aux départements".
- NDDL : "Nos concitoyens attendent de l'ordre"
Alors que l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des Landes se poursuit, Emmanuel Macron a affiché sa détermination. "Ces gens occupent une zone privée. Ils n’ont plus aucune raison de le faire puisqu'il n’y aura pas d’aéroport. Nous faisons ce que les gens attendent de nous", a-t-il souligné. "Il y aura une concertation pour que les agriculteurs qui sont sur place puissent y développer des projets. Mais nos concitoyens sont en droit d’attendre l’ordre."
- Universités : "Pas d'examen en chocolat"
Emmanuel Macron a d'abord relativisé la portée de la contestation étudiante en affirmant qu'"il y a très peu d’universités occupées". Selon le chef de l'État, ce ne sont pas les étudiants qui bloquent mais des 'professionnels du désordre', comme le disait Audiard". Il a également appelé les étudiants à assumer leurs responsabilités : "Il n’y aura pas d’examen en chocolat cette année".
"Hollande c’était pas assez, lui c’est trop"
En plus de son action, Emmanuel Macron a également dû s'expliquer sur… lui-même. L'image de fermeté qu'il renvoie a fait l'objet d'un reportage dans le journal de 13H. "Hollande c’était pas assez, lui c’est trop", a ainsi lancé une femme, arrachant un sourire au chef de l'État. "J’entends, j’écoute, je lis. Il y a des inquiétudes, elles sont légitimes et je les entends", a-t-il réagi, avant de vanter sa méthode de réforme. "Il s’est passé beaucoup de choses en un an. Le monde va trop vite et la France n’avait pas fait ce qu’il fallait. La politique, ce n’est pas ajouter des pincées de sel et de poivre."