Pouvoir d'achat, écologie, immigration, identité, fiscalité... Les thèmes ne manquaient pas pour un nouveau débat dans le cadre des européennes. Mercredi soir, dès 20h45 et pendant trois heures, sept chefs et représentants de partis se sont retrouvés sur le même plateau pour se livrer à l'exercice. Animée par Matthieu Belliard pour Europe 1 et Laurence Ferrari pour CNews, la discussion a permis à chacun d'exposer sa vision et de répondre à cette question : "demain, quelle France dans quelle Europe ?"
Après avoir passé une bonne heure sur les thèmes de la fiscalité et du pouvoir d'achat, les débatteurs se sont attaqués au maintien de l'ordre et à l'identité. Vers 23 heures, la question de la gestion européenne a été abordée, laissant entrevoir un fossé entre fédéralistes et partisans d'une Europe des Nations. Ils ont ensuite conclu sur l'écologie.
Les informations à retenir
- Le débat, retransmis en direct à partir de 20h45 sur Europe 1 et CNews, a duré trois heures
- Sept personnalités représentaient autant de partis : LREM, LFI, le RN, LR, EELV, le PS et Debout la France
- Après le pouvoir d'achat et la fiscalité, les débatteurs ont parlé de sécurité, puis d'Europe et d'écologie
Des solutions différentes aux questions environnementales
Le débat se poursuit sur les questions d'écologie, aux réponses à trouver au niveau de l'Union européenne pour certains candidats. Laurent Wauquiez, lui, veut proposer une "barrière écologique" aux portes de l'Europe. "On est fous de laisser entrer en Europe des produits qui ne correspondent aucune norme environnementale. Cette taxe servira à faire de l'écologie par l'aide et l'incitation." David Cormand, lui, penche pour que soit instauré un "traité environnemental" qui primerait sur tous les autres. "Il faut aussi réorienter le budget de l'Europe."
Des lignes de fracture sur l'Union européenne
Aux alentours de 23 heures, les sept débatteurs se penchent sur la question de la gestion européenne. "Ce qui est terrible, c'est le vide de souveraineté", explique David Cormand. L'écologiste détaille. Selon lui, le problème c'est que "ceux qui décident [au niveau européen] ne sont pas les élus européens mais les chefs d'État, qui n'ont pas été élus pour ça." Autrement dit, le Parlement européen n'a pas suffisamment de pouvoir par rapport à la Commission européenne.
Sur ce constat, Nicolas Dupont-Aignan est d'accord. Mais les solutions à apporter diffèrent, car lui souhaite une "Europe des Nations" et la suppression pure et simple de la Commission européenne. Marine Le Pen aussi veut "tourner le dos à l'Union européenne en fabriquant une Europe des Nations". David Cormand, lui, préfère un approfondissement européen, notamment en harmonisant les pays pour éradiquer les paradis fiscaux au cœur même de l'Union, par exemple. "Ce que nous proposons, c'est de nous adresser aux paradis fiscaux au cœur même de l'Europe. On peut priver de vote ces pays s'ils ne respectent pas" les règles, explique l'écologiste.
Une loi 1905 à "chérir" et "ne pas toucher"
Abordant le sujet de l'identité et celui de la laïcité, plusieurs débatteurs se disent défavorables à la modification de la loi 1905 qui inscrit noir sur blanc la séparation de l'Église et de l'État. "Je crois que nous devons chérir et ne pas toucher à la loi de 1905", affirme Stanislas Guérini. Ce qui lui vaut une reprise de volée de Marine Le Pen, qui estime que la constitution d'un groupe de travail sur cette fameuse loi par le gouvernement montre que ce dernier est prêt à procéder à des évolutions. La présidente du RN explique qu'"évidemment, on ne touche pas" à cette loi.
Le texte de 1905 est "indissociable de l'esprit français" pour Olivier Faure et permet de "préserver la cohésion entre les uns et les autres". Mais le socialiste pointe lui aussi du doigt la mission gouvernementale et demande au leader de LREM de préciser s'il parle en son nom ou en celui de l'exécutif. "Au nom du mouvement LREM, je ne souhaite pas qu'on touche à la loi 1905", confirme Stanislas Guérini.
Laïcité : "Je ne souhaite pas que l'on touche à la loi 1905" dit @StanGuerini en réponse à @FaureOlivier#QFQEpic.twitter.com/ohUA8eApp8
— Europe 1 (@Europe1) April 10, 2019
La "doctrine du maintien de l'ordre" attaquée de toutes parts
Après les sujets socio-économiques, le débat se tourne vers la sécurité et le maintien de l'ordre. Dans deux registres différents, droite comme gauche attaquent la gestion gouvernementale. "Commencez par mettre en place des mesures pour protéger les policiers et les gendarmes", lance Laurent Wauquiez à Stanislas Guérini après que le leader de LREM a dit leur "rendre hommage". Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, eux, fustigent un "laxisme" latent.
David Cormand, de son côté, remet en cause la "doctrine du maintien de l'ordre" gouvernementale, notamment en manifestation. Et prend exemple sur d'autres pays européens qui ont par exemple interdit l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD).
Une taxe carbone assumée par le PS, rejetée par d'autres
Chose de plus en plus rare en politique, Olivier Faure a assumé une décision prise par les socialistes pendant le quinquennat de François Hollande : la taxe carbone. "Cette taxe carbone a été adoptée courageusement par la majorité précédente. Il fallait un signal prix, faire en sorte qu'il ne soit pas moins cher de consommer du diesel par rapport à l'essence." Mais pour Nicolas Dupont-Aignan, Laurent Wauquiez ou encore Marine Le Pen, cette taxe est injuste et injustifiée. Le leader de Debout la France estime ainsi que la pollution des automobilistes français est sans commune mesure avec celle des "centrales à charbon allemandes ou polonaises".
Laurent Wauquiez demande donc à Stanislas Guérini si la taxe carbone de 2018 sur le carburant sera supprimée. "Je suis favorable à ne pas augmenter la fiscalité sur le carburant", a répondu le numéro 1 de LREM, sous-entendant donc que l'augmentation déjà actée en 2018 ne serait pas annulée.
— @LaurentWauquiez : Vous engagez-vous à supprimer la taxe de 2018 sur le carburant ?
— Europe 1 (@Europe1) 10 avril 2019
— @StanGuerini : Je suis favorable à ne pas augmenter la fiscalité sur le carburant
(cc @CNEWS) #QFQEpic.twitter.com/GvncMViFIc
Fiscalité : baisser ou non les impôts ?
Les sept débatteurs commencent par donner leur point de vue sur la fiscalité, et notamment les impôts. Certains sont en faveur de leur baisse, notamment Laurent Wauquiez, qui opte pour une réduction de 10% pour tout le monde. Infaisable pour Adrien Quatennens, de la France insoumise, qui souhaiterait "lisser" l'effort avec l'instauration de 14 tranches d'impôts. Le député du Nord rejoint d'ailleurs Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sur l'ISF, qu'il souhaite rétablir. Le socialiste "propose un ISF vert pour pouvoir financer la transition écologique".
Nicolas Dupont-Aignan, lui, expose un "plan de réduction des gaspillages drastique" en "s'attaquant à la fraude sociale, au coût de l'immigration et au coût de l'Union européenne, délirant". D'après lui, "on peut économiser 32 milliards d'euros" à rebasculer sur les retraites et l'instauration d'un taux de TVA à 0% sur certains produits. Ce que les règles européennes interdisent néanmoins. Marine Le Pen n'est pas très loin de lui, estimant que "les Français ne veulent plus payer pour l'immigration". "Ils ne veulent plus payer l'aide médicale d'État, ni pour les logements à trouver pour les migrants."