L'Élysée, en concertation avec la famille, a choisi un lieu symbolique et inédit pour saluer la mémoire de Robert Badinter lors d'une cérémonie ouverte au public : la place Vendôme, devant la chancellerie, où plusieurs milliers de personnes sont venues depuis samedi lui rendre hommage.
C'est là que le ministre de François Mitterrand porta la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur du châtiment suprême. "J'ai l'honneur de demander, au nom du gouvernement de la République, l'abolition de la peine de mort en France" : la première phrase de son discours à la tribune de l'Assemblée est restée dans l'Histoire, "un moment immense dans sa vie".
"Votre nom devra s'inscrire au Panthéon"
Le nom de Robert Badinter "devra s'inscrire" au Panthéon, "aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France", a annoncé mercredi Emmanuel Macron lors de l'hommage à l'ancien garde des Sceaux. "Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l'oubli et la haine, semblent comme s'avancer à nouveau", a lancé le président de la République depuis la place Vendôme, siège du ministère de la Justice où l'ex-ministre socialiste porta l'abolition de la peine de mort. Il a salué en Robert Badinter "une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort".
"L'avocat de l'abolition"
L'entrée de son cercueil sur la place, depuis le ministère, comme la retransmission des images avec cette phrase célèbre, ont été applaudies par la foule de plusieurs centaines de personnes venues assister à cette cérémonie ouverte au public, malgré une pluie fine. "Il a aussi beaucoup oeuvré pour la dépénalisation de l'homosexualité et pour l'amélioration des conditions de vie dans les prisons. C'est un grand monsieur", dit Catherine Martin, une retraitée parisienne de 71 ans.
"Votre nom devra s'inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendez, au Panthéon", a lancé le chef de l'Etat en présence de la philosophe Elisabeth Badinter, veuve de celui qui fut, selon les mots du président, "l'avocat pour toujours de cette cause, l'abolition".
Un rendez-vous solennel sur fond de polémique
Elisabeth Badinter avait exprimé le souhait que les élus du Rassemblement national et de La France insoumise ne viennent pas à la cérémonie. Marine Le Pen a accepté de se soumettre à cette demande, sans nier ses désaccords avec cette figure longtemps honnie à droite pour avoir aboli la peine de mort. Réaction inverse pour LFI qui était représentée par ses députés Caroline Fiat et Eric Coquerel. "C'est un hommage national, je n'ai pas envie de polémique", s'est agacé à son arrivée le député insoumis de Seine-Saint-Denis.
Pourfendeuse des extrêmes comme son mari, Elisabeth Badinter a toujours combattu le Front national puis le RN, mais a aussi plus récemment déclaré un certain "islamo-gauchisme" et pointé la responsabilité "énorme" de LFI dans la montée de l'antisémitisme en France.