Les macronistes et la gauche ont décidé de retirer leurs candidats qui auraient pu, en se maintenant, diviser les voix qui pourraient faire barrage à l'extrême droite. "On a pris nos responsabilités" face au "risque d'une majorité absolue" pour le RN, a expliqué mercredi soir le Premier ministre Gabriel Attal sur BFMTV, se refusant cependant à donner "des consignes de vote".
"Je me mets à la place d'un électeur d'Emmanuel Macron à qui on vient dire de voter dimanche prochain pour les candidats de M. Mélenchon, après que le président de la République lui-même les a accusés d'être un parti antisémite, communautariste et antiparlementariste", a dénoncé en retour le président du RN Jordan Bardella.
Le Rassemblement national pourrait obtenir entre 190 et 220 sièges
Ces nombreux désistements -- 130 pour la gauche, plus de 80 pour les macronistes -- commencent-ils à avoir un impact ? Selon une étude réalisée par Toluna Harris Interactive mercredi, le Rassemblement national pourrait obtenir entre 190 et 220 sièges, le 7 juillet. Le Nouveau Front populaire en aurait entre 159 et 183, et le camp présidentiel entre 110 et 135.
"Avec les désistements il y aura 25 ou 30 députés RN en moins a priori", prédit un cadre de la majorité. "Il y a une vraie mobilisation contre le RN. Mais rien n'est acquis. Un Rassemblement national à 280 sièges reste tout à fait possible", ajoute la même source alors qu'il faut 289 députés pour avoir la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
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Dans le cas inverse, la question se posera de savoir avec qui le camp présidentiel peut gouverner au soin d'une "grande coalition", à laquelle LFI a déjà dit ne pas vouloir participer. "Après on ne va plus compter en termes de Front populaire, on va compter les Républicains, les centristes, les démocrates, les Renaissance, les Horizons, les MoDem, les socialistes, les écolos, les communistes... Quel va être le rapport de forces entre les différents groupes à l'Assemblée ?", questionne le cadre de la majorité.
Mais dans ce cas de figure, il relève que La France insoumise et le Rassemblement national auraient sûrement assez de voix, à eux deux, pour renverser le gouvernement, via une motion de censure à l'Assemblée.
Prisca Thevenot et sa suppléante agressées
La campagne éclair déclenchée par le séisme de la dissolution reste tendue. La porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, candidate à sa réélection dans les Hauts-de-Seine, a été victime, avec son équipe, d'une agression lors d'une opération de collage d'affiches électorales mercredi soir à Meudon.
Une de ses collaboratrices et un militant ont été blessés, selon une source proche du dossier. Quatre personnes, dont trois mineurs, ont été interpellées, d'après le parquet de Nanterre qui a ouvert une enquête.
Toujours pas de débat trois jours du second tour
Alors que les candidats sont encore en campagne dans 501 des 577 circonscriptions, après 76 élections au premier tour, les grandes figures politiques occuperont encore une fois jeudi les plateaux de télévision. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui continue de souffler le chaud et le froid sur une hypothétique candidature à Matignon, sera l'invité du journal télévisé de 20h sur TF1. Sur France 2 se succéderont dans la soirée Gabriel Attal, Jordan Bardella, Raphaël Glucksmann et David Lisnard pour Les Républicains.
Une série d'interviews mais toujours pas de débat, alors que mercredi soir un format similaire était organisé sur BFMTV où le Premier ministre, Marine Tondelier et Jordan Bardella ont chacun répondu à leur tour aux questions des journalistes. "Jordan Bardella ne souhaitait pas débattre avec moi", a taclé la patronne des Ecologistes, accusant le patron du RN d'avoir "peur".
"On a eu beaucoup de moments très masculins lors de ces législatives et c'est un problème", a-t-elle dénoncé. "En 2024, on ne peut plus faire de séquences électorales sans les femmes".