Législatives 2024 : Il n'est «pas question» de «gouverner demain avec LFI», lance Emmanuel Macron

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À trois jours de la clôture de la campagne officielle pour les législatives, le dépôt des candidatures est terminé, et avec lui le feuilleton des désistements face au RN. Il n'y aura donc qu'une centaine de triangulaires, contre plus de 300 recensées au sortir du premier tour. Suivez l'évolution de la situation en direct. 

Après le dépôt des candidatures mardi et le feuilleton des désistements face au Rassemblement national, il reste trois jours avant la clôture de la campagne officielle pour le second tour des législatives, tandis qu'Emmanuel Macron réunit le Conseil des ministres à l'Élysée. Il y avait plus de 4.000 candidats avant le premier tour. Ils seront encore un peu plus de 1.100 dimanche. Ils avaient jusqu'à mardi 18h pour déposer leur candidature en préfecture pour tenter de rejoindre les 76 députés élus dès dimanche dernier. Suivez la situation en direct. 

Les principales informations à retenir : 

  • La campagne pour le second tour a commencé 
  • Jordan Bardella ira finalement à Matignon, même sans majorité absolue
  • Emmanuel Macron a martelé mercredi en Conseil des ministres qu'il n'était "pas question" de "gouverner" avec LFI

Gérald Darmanin ne votera "jamais pour le RN, ni pour LFI"

Gérald Darmanin, arrivé en tête du premier tour des législatives dans sa circonscription, ne "votera jamais pour le RN, ni pour LFI", a affirmé mercredi son entourage à l'AFP. Le ministre de l'Intérieur, qui affrontera au 2e tour un candidat RN, après le désistement d'une candidate membre du parti anti-spéciste REV, associé à LFI, "réaffirme sa position de combat contre les extrêmes quels qu'ils soient", a-t-on poursuivi, ajoutant qu'il ne "souhait(ait) aucun accord avec l'extrême gauche, qui est anti-police, ni avec l'extrême droite".

Dans une vidéo postée sur X (ex Twitter), Gérald Darmanin se dit "très opposé aux consignes de vote". "Les Françaises et les Français n'ont pas besoin qu'on leur dise pour qui voter, ni au 1er, ni au 2nd tour", ajoute-il. Cette question du "Ni RN, ni LFI" divise au sein du gouvernement. Sur France Inter, ce mercredi, le Premier ministre Gabriel Attal a appelé de nouveau "à faire barrage" au RN, en relevant que "ni LFI, ni le Nouveau front populaire, ni les candidats (de la majorité présidentielle) n'étaient en capacité de former seuls une majorité absolue à l'Assemblée nationale".

Macron exclut l'hypothèse de gouverner avec LFI

Emmanuel Macron a martelé mercredi en Conseil des ministres qu'il n'était "pas question" de "gouverner" avec La France insoumise (LFI) au lendemain des législatives, malgré les désistements du camp présidentiel en faveur du Nouveau Front populaire (NFP) pour faire barrage au Rassemblement national. "Se désister aujourd'hui pour des élus de gauche face au Rassemblement national ne signifie pas gouverner demain avec LFI", a déclaré le chef de l'Etat, selon plusieurs participants. "Il n'en est pas question", a-t-il ajouté.

Pour Attal, le pouvoir ira soit à l'extrême droite, soit "au Parlement"

Gabriel Attal a estimé mercredi qu'à l'issue des élections législatives, le pouvoir sera "soit entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite", soit "au Parlement", expliquant se "battre pour ce deuxième scénario", sans pour autant évoquer une "coalition". "Aujourd'hui, il y a un bloc en situation d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, c'est l'extrême droite. Ni LFI, ni le Nouveau Front populaire, ni nos candidats ne sont en capacité de former seuls une majorité absolue à l'Assemblée nationale", a reconnu le Premier ministre sur France Inter.

"A l'issue de ce deuxième tour, soit le pouvoir sera entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite, soit le pouvoir sera au Parlement. Moi je me bats pour ce deuxième scénario." "Et je me bats pour que dans ce deuxième scénario les candidats Ensemble pour la République (la coalition présidentielle, NDLR) soient suffisamment présents dans cette Assemblée nationale pour protéger les Français des hausses d'impôts voulues par beaucoup d'autres partis, (...) en défendant les valeurs de la République, en défendant le réinvestissement dans des politiques publiques prioritaires comme la sécurité par exemple, ou la justice", a-t-il développé.

"Il y a un certain nombre de partis, c'est le cas du Nouveau Front populaire, qui souhaitent augmenter les impôts dès cet été. Ce n'est pas notre cas", a insisté Gabriel Attal. "J'ai pas parlé de coalition. Je ne vais pas imposer aux Français une coalition qu'ils n'ont pas choisie", a également déclaré le Premier ministre, alors que cette idée circule comme alternative à un gouvernement RN, sur fond de nombreux désistements réciproques de candidats de la coalition présidentielle et du Nouveau Front populaire pour "faire barrage" au parti d'extrême droite et à ses alliés.

Des désistements à la pelle... et une centaine de triangulaires

Dans le camp présidentiel comme dans celui du Nouveau Front populaire, les 48 dernières heures ont été consacrées à l'épineuse question des désistements, les deux camps ayant promis de retirer leurs candidats dans les circonscriptions ou le Rassemblement national avait une chance sérieuse de l'emporter. Une démarche qui a drastiquement fait chuter le nombre de triangulaires : environ une centaine, contre 311 possibles à la sortie des urnes dimanche dernier.

La gauche a retiré plus de 130 candidats et le camp présidentiel, 82. Le dernier en date, le MoDem Dominique Despras, s'est retiré peu après avoir déposé sa candidature. Sur France 2 mardi soir, l'ancien président François Hollande, qui affronte le RN et la droite en Corrèze, a salué la "reformation du front républicain". Tout en promettant que la gauche sera "rééquilibrée" à l'issue du scrutin, au détriment des Insoumis. Une gauche qui doit "changer de comportement" pour "apparaître comme la solution, et non comme un barrage". >> Découvrez notre radioscopie du Nouveau Front Populaire

Du côté de la majorité, Renaissance fait état de 82 désistements, dont 60 issus du parti présidentiel. Distancée dimanche dernier, la coalition présidentielle a salué "l'esprit de responsabilité" du Nouveau Front populaire. Deux ministres se sont retirés mardi : Dominique Faure en Haute-Garonne et Patricia Mirallès dans l'Hérault. Quelques candidats de la majorité ont cependant maintenu leur candidature, comme Anne-Laure Petel, arrivée 3e derrière le RN et la gauche dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône.

Dans un entretien au Figaro, le président du RN Jordan Bardella a vu dans ces désistements une "coalition Macron-Mélenchon pour paralyser le pays". Il appelle les Républicains "au courage et à l'intérêt national", se disant "prêt à la main tendue" pour "élargir (s)a majorité".

Si le leader de 28 ans a déjà fait savoir qu'il refuserait le poste de Premier ministre faute de majorité absolue, Marine Le Pen a expliqué mardi que si le RN s'approchait de cette barre de 289 députés, avec "par exemple 270" élus, son parti chercherait à attirer "des députés par exemple divers droite, divers gauche, LR" pour tenter de réunir les conditions d'un gouvernement.

Bardella ira à Matignon en cas de victoire, même sans majorité absolue

Il l'avait annoncé, il rétropédale. S'il avait annoncé qu'il n'ira à Matignon qu'en cas de majorité absolue, Jordan Bardella a finalement changé son fusil d'épaule. Le RN compte gouverner avec une majorité élargie. Comment le parti à la flamme compte-t-il y parvenir ? >> Tous les détails dans notre article

Pas de débat sur BFMTV

Si au contraire le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR pourraient essayer de former une "grande coalition", courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions politiques françaises. Sur TF1 mardi soir, la patronne des Écologistes Marine Tondelier n'a pas fermé la porte à ce scénario, excluant cependant un nouveau "Premier ministre macroniste".

Il reste donc trois jours avant la clôture de la campagne officielle, vendredi à minuit. Mercredi soir, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier s'exprimeront tour à tour sur BFMTV, qui a dû acter "l'impossibilité de monter un débat", le RN demandant en vain que le Nouveau Front populaire soit représenté par Jean-Luc Mélenchon. 

Un conseil des ministres sous haute surveillance

Emmanuel Macron réunira à 10h le Conseil des ministres. Le précédent, mercredi dernier, avait été "crépusculaire", aux dires d'un participant. Les nominations relevant de la compétence du Conseil des ministres, traditionnellement annoncées chaque semaine, seront particulièrement scrutées : Marine Le Pen a dénoncé mardi un "coup d'État administratif" du camp macroniste qui envisagerait, selon elle, de procéder à une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation à des postes sensibles, police et gendarmerie nationales notamment. 

Le tout pour "empêcher Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite", a assuré Marine Le Pen. "Être en responsabilité suppose du sang-froid et de la mesure", a répliqué l'Élysée dans une mise au point. Après le Conseil des ministres, Gabriel Attal poursuivra ses déplacements de campagne : il ira à Senlis (Oise) soutenir Eric Woerth, ex-LR réélu sous la bannière Renaissance en 2022, en ballotage défavorable face au candidat du RN.