Motion de censure : Macron recevra vendredi les chefs des groupes parlementaires du PS, du camp macroniste et de LR
Emmanuel Macron a "pris acte" jeudi matin de la démission de son Premier ministre Michel Barnier, après l'adoption d'une motion de censure contre son gouvernement sur la question du budget de la Sécurité sociale. Lors de son allocution, le président a affirmé qu'il nommerait un successeur à Michel Barnier "dans les prochains jours".
Et maintenant ? Au lendemain d'une censure historique, Michel Barnier a présenté jeudi sa démission à Emmanuel Macron qui s'est exprimé ce jeudi soir dans une allocution. Il a annoncé qu'il nommera un chef du gouvernement "dans les prochains jours" et accomplira son mandat "jusqu'à son terme". Le chef de l'État recevra également ce vendredi les chefs des groupes parlementaires du PS, du camp macroniste et de LR.
Les informations à retenir :
- Le président annonce qu'il nommera un Premier ministre "dans les prochains jours" pour former un gouvernement d'intérêt général
- Emmanuel Macron a assuré qu'il accomplira son mandat "pleinement, jusqu'à son terme"
- Cinq noms évoqués pour succéder à Michel Barnier à Matignon
- LR "ne fera pas tomber" le futur gouvernement même s'il n'y participe pas
- Michel Barnier présente jeudi sa démission à Emmanuel Macron
Macron recevra vendredi les chefs des groupes parlementaires du PS, du camp macroniste et de LR
Emmanuel Macron recevra vendredi les chefs des groupes parlementaires du Parti socialiste, du camp présidentiel et du parti Les Républicains, a-t-on appris de sources parlementaires et au sein de l'exécutif.
En début de matinée, le chef de l'Etat doit recevoir les dirigeants de son camp (Renaissance, Modem, Horizons...). Puis en fin de matinée les chef des députés socialistes Boris Vallaud et son homologue du Sénat Patrick Kanner, ainsi que le chef du parti Olivier Faure, selon un cadre socialiste. En début d'après-midi, ce sera au tour des dirigeants de LR. La France insoumise, le Rassemblement national ou encore les Ecologistes n'ont pas été invités à ce stade, selon ces sources.
“La censure c'est pas la route vers le désordre" assure Jordan Bardella
Jordan Bardella était l'invité de France 2 à la suite de l'allocution d'Emmanuel Macron aux Français. A la question sur l'alliance surprenante que son groupe Rassemblement national a faite avec la gauche pour voter la censure, le député européen a répondu que "l'alliance qui est indigne", "c'est l'alliance qui a été faite entre les macronistes et le NFP lors des élections législatives". Avant d'ajouter qu'ils ne font pas "cause commune" "ou alors c'est mal connaître nos institutions".
"C'est pas Emmanuel Macron en face de vous" répond-il ensuite lorsqu'on l'accuse d'être du côté du bazar politique. “La censure c'est pas la route vers le désordre, c’est une nouvelle étape de la vie démocratique.”
"Ce n'est pas Monsieur Barnier qui a été censuré", "c'est Monsieur Macron"
"S'il y a eu censure c'est parce qu'il y a eu 49.3" appuie Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de TF1, quelques minutes après l'allocution du président. Avant d'ajouter que la censure qui fait partie de la Constitution, "vient d'être qualifiée d'anti-républicain" par Emmanuel Macron.
Le chef de file des insoumis cingle ensuite sur le manque de connaissance des assemblées du président de la République. Selon lui, ceci appuie son incompréhension de la censure votée ce mercredi soir. Ainsi, comme Jean-Luc Mélenchon l'affirme "ce n'est pas Monsieur Barnier qui a été censuré", "c'est Monsieur Macron".
"Un front anti-républicain" pour faire tomber Barnier
Face aux Français, le chef de l'État a accusé l'extrême droite et l'extrême gauche de s'être "unies dans un front anti-républicain" pour faire tomber le Premier ministre Michel Barnier, reprochant aux députés du RN d'avoir choisi "le désordre".
"Les députés du RN ont choisi de voter une motion de censure qui disait le contraire de leur programme qui insultait leurs propres électeurs", a-t-il déploré dans son allocution télévisée, estimant qu'ils ont ainsi choisi le "désordre qui est le seul projet qui les unit à l'extrême gauche, et cela avec la complicité du reste du Nouveau Front populaire".
Un Premier ministre nommé "dans les prochains jours"
Emmanuel Macron a promis ce jeudi de nommer "dans les prochains jours" un Premier ministre chargé de former un gouvernement "resserré" et "d'intérêt général", dans une allocution aux Français prononcée au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier. Ce futur chef du gouvernement, "je le chargerai de former un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s'engage à ne pas le censurer", a expliqué le président de la République.
Emmanuel Macron ne démissionnera pas
Le président a assuré ce jeudi, lors de son allocution aux Français, qu'il accomplirait son mandat "pleinement, jusqu'à son terme", alors qu'un nombre grandissant de responsables politiques en appellent ou évoquent sa démission.
"Le mandat que vous m'avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l'exercerais pleinement jusqu'à son terme", a déclaré le président de la République, au lendemain du renversement du gouvernement de Michel Barnier par l'Assemblée nationale. Le départ du chef de l'État est souhaité par 59% à 61% des Français, selon des sondages Odoxa et Elabe publiés jeudi.
Le nom du prochain Premier ministre ne sera pas annoncé jeudi soir par Emmanuel Macron
Emmanuel Macron n'annoncera pas, lors de son allocution, le nom du prochain Premier ministre amené à remplacer Michel Barnier à Matignon. "Le nom du Premier ministre ne sera pas annoncé jeudi soir", a indiqué un proche du président de la République.
Après avoir reçu Barnier, Macron consulte Bayrou
Michel Barnier a quitté l'Élysée vers 11 heures, après une heure d'entretien avec Emmanuel Macron. L'annonce officielle de la démission de son gouvernement est attendue. En parallèle, le chef de l'État a déjeuné à l'Élysée avec François Bayrou ce jeudi.
Michel Barnier est arrivé à l'Élysée pour remettre sa démission à Emmanuel Macron
Au lendemain de la censure de son gouvernement, Michel Barnier est arrivé à l'Élysée ce jeudi matin pour remettre sa démission à Emmanuel Macron, conformément à l'article 50 de la Constitution.
"Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans"
Privé de fusible, Emmanuel Macron essuie désormais une pluie d'attaques. Immédiatement après la censure, la cheffe des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, a réclamé "des présidentielles anticipées". "Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans", a renchéri Jean-Luc Mélenchon.
Si Marine Le Pen n'a pour sa part pas formellement réclamé une démission du président, elle a estimé que "la pression" à son endroit "sera évidemment de plus en plus forte" si "on ne prend pas la voix du respect des électeurs". Lors d'un entretien au 20 heures de TF1, la leader du parti à la flamme a en outre assuré qu'elle et les siens "laisseront travailler" le futur Premier ministre, afin de "co-construire" un budget "acceptable pour tous".
LR "ne fera pas tomber" le futur gouvernement même s'il n'y participe pas
Les Républicains ne "feront pas tomber" le futur gouvernement même s'ils décidaient de ne pas y participer, a indiqué jeudi leur chef de file à l'Assemblée Laurent Wauquiez sur France 2. "On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire (...), on ne fera pas tomber le gouvernement, on ne fera pas ce qu'a fait Marine Le Pen", a déclaré M. Wauquiez qui conditionne la participation de LR à un futur gouvernement en fonction des priorités qui seront mises sur la table.
Qui pour Matignon ?
Il s'agit désormais pour le chef de l'État de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du "socle commun" entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale davantage capée pour résister à une future tentative de censure.
Car les fissures menacent le déjà fragile édifice : Laurent Wauquiez (LR) a ainsi déclaré que l'engagement de son parti en septembre dans la coalition gouvernementale "ne valait que pour Michel Barnier", quand Gabriel Attal (Renaissance) a proposé un accord de "non censure" avec le PS pour échapper à la tutelle du RN.
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Le patron des députés macronistes va réunir les ténors de Renaissance jeudi dans la matinée, a-t-on appris de source parlementaire. L'équation est d'autant plus complexe qu'une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet.
D'ici là, qui pour Matignon ? Les noms du président du MoDem François Bayrou, du ministre des Armées Sébastien Lecornu, du LR Xavier Bertrand, de l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ou du maire de Troyes François Baroin circulent.
Macron appelle à "ne pas faire peur"
Le très droitier ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, jugé parfois proche des idées du RN, ou le macroniste historique Roland Lescure, associé à la branche sociale-démocrate de Renaissance, font également l'objet de supputations. La tâche du futur titulaire s'annonce quoi qu'il en soit immense : dans son discours devant l'Assemblée qui s'apprêtait à le congédier, Michel Barnier a prévenu que la "réalité" budgétaire ne "disparaîtra pas par l'enchantement d'une motion de censure".
Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4 % prévus à l'automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5 % en l'absence de budget, et l'incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.
Emmanuel Macron, qui avait appelé mardi à "ne pas faire peur", devra jeudi soir se montrer convaincant pour rassurer. Une mission d'autant plus ardue que sa popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017, ou depuis la crise des gilets jaunes l'année suivante, selon les baromètres.