Nouveau gouvernement : Emmanuel Macron recevra «l'ensemble des partis», hors RN et LFI, mardi à 14h
Arthur de Laborde
Ce lundi, Emmanuel Macron doit recevoir plusieurs responsables de groupes parlementaires. L'objectif : trouver des compromis pour nommer le prochain Premier ministre.
Les informations à retenir :
- Le président a, tour à tour, reçu à l'Elysée les députés Liot, les chefs des députés Écologistes, mais aussi ceux des communistes.
- À l'issue du rendez-vous avec Emmanuel Macron, Fabien Roussel a estimé qu'un Premier ministre issu de la gauche était "préférable", tandis que Marine Tondelier a demandé à "consentir à l'alternance"
- "La solution ne pourrait plus reposer sur un accord avec le RN", juge Emmanuel Macron
- Une réunion de consultation aura lieu mardi à l'Élysée, sans le RN et LFI
- Emmanuel Macron recevra «l'ensemble des partis», hors RN et LFI, mardi à 14h
Après la récente censure du gouvernement, Emmanuel Macron reprend dès ce lundi ses consultations et tractations en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre. Après avoir reçu vendredi les responsables du bloc central, ceux des Républicains, et Olivier Faure, Emmanuel Macron a reçu tour à tour, les représentants des députés indépendants Liot, du parti communiste et des écologistes.
Verra-t-on pour autant une fumée blanche au palais présidentiel avant la fin de journée ? Les précédents incitent à la prudence : il avait fallu 51 jours cet été au locataire de l'Élysée pour choisir Michel Barnier, et plusieurs semaines également dans le cas de ses prédécesseurs Gabriel Attal et Elisabeth Borne.
La réunion de consultation aura lieu demain à 14h
Emmanuel Macron indique que la réunion organisée à l'Élysée aura lieu à 14h, mardi 10 décembre, où sont conviés "l'ensemble des partis ayant indiqué se placer dans une logique de compromis dans le but de constituer un gouvernement d’intérêt général ou de le rendre possible", excluant LFI et le RN.
"Le critère est la logique de compromis. Ni le RN, ni LFI ne l’ont souhaité. Nous avons pris acte à la fois de l’interview de Marine le Pen et de la déclaration de Manuel Bompard", informe l'entourage du Président.
La réunion de consultation attendue mardi à l'Élysée
LFI et le RN seront les grands absents de la nouvelle réunion de consultation autour d'Emmanuel Macron, prévue mardi à l'Élysée. Seront présentes les forces politiques consultées ces derniers jours par le président, relate le service politique TF1/LCI auprès des dirigeants écologistes.
Fabien Roussel veut "brader l'abrogation de la réforme des retraites", dénonce Éric Coquerel
Au cours de son entretien avec Emmanuel Macron, le patron des communistes est revenu sur l'abrogation de la réforme des retraites, estimant qu'elle pourrait être "abordées et réglées par une conférence sociale". Des propos qui ont déplu au président de la commission des Finances LFI.
"Fabien Roussel est encore moins exigeant que le PS pour une éventuelle coalition gouvernementale en bradant notamment l’abrogation de la réforme des retraites", juge Éric Coquerel sur X.
"La solution ne pourrait plus reposer sur un accord avec le RN", juge Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a annoncé son intention de réunir toutes les forces politiques pour former un nouveau gouvernement, dont il souhaite qu'il ne soit pas dépendant du Rassemblement national, selon la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.
"La solution ne pourrait plus reposer sur un accord avec le Rassemblement national", a fait savoir la dirigeante écologiste, à l'issue de son entretien avec le président de la République. "Il a été très clair sur le fait que le Rassemblement national, pour lui, n'était pas dans le périmètre des partis qui souhaitaient discuter", a-t-elle ajouté.
Cette "nouvelle méthode" pour construire le futur gouvernement passerait par l'organisation d'une "réunion des différentes forces politiques pour échanger sur une plateforme programmatique", ont indiqué les responsables des Ecologistes. Une telle réunion pourrait avoir lieu dès mardi, a indiqué Marine Tondelier.
Une "alternance" réclamée
"Chacun doit faire un pas vers l'autre", a déclaré Marine Tondelier, à son arrivée à l'Elysée. Mais pour la cheffe de file des Verts, c'est au président "de proposer quelque chose qui ne soit pas juste la continuité de sa politique", afin de "consentir à (l')alternance" réclamée selon elle par les électeurs aux dernières législatives.
Moins antagoniques, les députés Liot (Liberté, Indépendants, Outre-mer, Territoires) ont seulement demandé "quelque chose qui regroupe les différentes sensibilités", et surtout "que ça soit rapide, parce que le pays est dans une situation d'urgence", a résumé leur vice-président Christophe Naegelen.
Roussel a exprimé "une préférence"
Le secrétaire national du Parti communiste a estimé lundi qu'un Premier ministre issu de la gauche était "préférable" mais pas un "préalable" à l'issue d'un échange avec Emmanuel Macron.
"Nous avons dit que bien sûr, il était préférable qu'il y ait un Premier ministre de gauche, de sensibilité de gauche, pour pouvoir préserver le pouvoir d'achat, les services publics, notre industrie, nos collectivités, c'est notre combat. Nous avons exprimé une préférence", a déclaré Fabien Roussel, "sans donner de nom. Ce qui compte, c'est que l'on avance, et pour avancer, on ne vient pas en mettant des préalables sur des noms, sur des propositions, des lignes rouges", a-t-il cependant ajouté.
"On est dans une situation qui est extrêmement compliquée dans notre pays aujourd'hui (...) Il faut que chacun fasse un pas, nous en tout cas, on a fait un pas ce matin et on a dit au président de la République : Et vous, est-ce que vous êtes prêt à en faire un de votre côté ? Est-ce que vous êtes prêt à accepter à ce qu'il y ait des changements dans la politique à mener dans notre pays", a dit Fabien Roussel.
À lire aussi - Nouveau Premier ministre : plus qu'avoir le nom du successeur de Barnier, les Français attendent que l'on «renoue un dialogue»
Un centriste à Matignon ?
Ces rencontres ont commencé à neuf heures lundi matin et ont duré une heure chacune. Une chose est sûre, cette fois-ci le président de la République est pressé au sein même de son camp. François Bayrou, préoccupé par "une situation que pas un citoyen français ne peut accepter de voir perdurer ou se complexifier" est ainsi pressenti, parmi d'autres, pour Matignon.
Dimanche, le patron du MoDem n'a pas revendiqué le poste, mais presque : "Si je peux aider à ce qu'on sorte de tout ça, je le ferai". Le même jour, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait plaidé pour aller "rapidement" et désigner un nouveau chef de gouvernement "dans les prochaines heures".
Autre favori à Matignon, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités de janvier à septembre 2024, avant d'hériter du ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation dans le gouvernement de Michel Barnier
>> LIRE AUSSI - Censure : Emmanuel Macron dénonce le «sens du chaos» du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire
Distorsions à gauche
À gauche, deux lignes s'affrontent depuis la chute de Michel Barnier. D'un côté, socialistes, écologistes et communistes appellent, à des degrés divers, à la discussion. De l'autre, La France insoumise brandit la menace de l'explosion du Nouveau Front populaire (NFP).
Si les socialistes rejoignent le futur gouvernement, "le Nouveau Front populaire continuera sans eux. Nous refusons de gouverner avec ce bloc de droite à la dérive", avertit Jean-Luc Mélenchon dans un entretien aux quotidiens italien La Repubblica et espagnol El Pais. Le tribun ne ménage pas ses attaques contre Olivier Faure. Il "ne décide pas tout seul", assène-t-il, fustigeant la démarche du Premier secrétaire du PS, qui a rencontré vendredi le chef de l’État pour lui proposer des "concessions réciproques".
"Nous avons été mis devant le fait accompli", déplore Jean-Luc Mélenchon, dénonçant la "méthode extrêmement brutale" et "personnelle" d'un homme qui "veut être Premier ministre pour la gauche" alors que son parti, le PS, "a fait 1,67% à l'élection présidentielle" de 2022.